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A l'occasion de la publication d'un nouvel ouvrage sur les Français à Hong Kong intitulé La France et les Français à Hong Kong (1918-1941), nous avons interrogé l'historien François Drémeaux sur sa passion pour le Port des Parfums. Rencontre avec un amoureux de l'Histoire et des histoires.
« Ce livre questionne les racines qui unissent les Français à Hong Kong »
Vous publiez un nouvel ouvrage sur Hong Kong pourriez-vous nous en parler ?
Presque tout est dans le titre, c’est l’histoire de la France et des Français à Hong Kong dans l’entre-deux-guerres! Il s’agit de ma thèse de doctorat, soutenue en 2016, remaniée et réagencée de manière à être accessible au grand public, tout en conservant l’exigence académique. C’est un exercice de réécriture en équilibre très intéressant, qui m’a également permis de prendre un peu de recul par rapport au sujet.
L’idée première était d’étudier les Français expatriés en dehors de leur empire, et par extension de commencer un projet autour de la notion de Français de l’étranger. Pour cela, j’avais besoin d’un « laboratoire », c’est-à-dire un territoire de taille modeste et d’une période relativement courte avec des ruptures nettes. Hong Kong dans l’entre-deux-guerres s’est révélé être le terrain de jeu idéal !
J’ai pris le parti d’un plan « en entonnoir » qui part de la présence officielle (consulaire, diplomatique) avec ses ramifications vers l’Union indochinoise et la Chine, pour ensuite se concentrer sur d’autres présences qui gravitent autour du pouvoir : le commerce, la finance, les transports et la religion. Tout ceci forme le bouquet de la présence française, la partie que l’on voit et dont on fait la promotion. La France, c’est aussi une présence désincarnée et parfois immatérielle, via ses produits, ses idées ou les représentations que l’on s’en fait selon que l’on est Britannique ou Chinois.
Et puis, les derniers chapitres plongent vers l’intime, vers les racines de ce bouquet ! Il est question de présences éphémères ou marginales. Ce sont les très nombreux malandrins qui arpentent l’Asie orientale en quête de bonnes affaires, ou les prostituées françaises qui sont nombreuses à Hong Kong. Autant de présences que l’on souhaite cacher et qui se révèlent plus difficilement dans les archives. Il est aussi question de présences que l’on juge insignifiantes, les femmes et les enfants… et qui ont pourtant une expérience à part entière de la vie à l’étranger.
Toutes ces présences se resserrent et se rassemblent autour de la notion de présence française et, surtout, de Français de l’étranger. Est-ce un concept pertinent au temps de l’impérialisme ? Y’a-t-il une identité propre à ces Français ? Qu’est-ce qui les rassemblent ?
Pour le savoir, il faut lire le livre !
« Hong Kong a toujours été une ville-monde innovante »
Vous êtes historien et développez un intérêt tout particulier pour Hong Kong. Pourquoi ?
C’est d’abord une histoire personnelle, il faut bien l’admettre ! Je suis arrivé à Hong Kong en 2007 et je suis immédiatement tombé amoureux du territoire. J’ai passé onze années absolument formidables ici… J’ai l’impression que Hong Kong m’a tellement donné qu’il fallait bien que je lui rende la pareille d’une manière ou d’une autre, même modestement !
À mon arrivée, je cherchais un sujet de thèse et il s’est imposé comme une évidence lorsque nous avons commencé à travailler sur l’ouvrage Hong Kong, présences françaises. Le territoire était la chasse gardée des historiens britanniques et les Français s’en désintéressaient. Pourtant, les liens entre ce territoire et la France sont beaucoup plus importants qu’on ne l’imagine. C’est la base arrière pour partir à la conquête des marchés chinois et des âmes orientales, selon que l’on est commerçant ou missionnaire ! Hong Kong est absolument nécessaire à la respiration économique de l’Indochine française du début à la fin de l’expérience coloniale.
D’ailleurs, j’ai un article en préparation qui s’intitule À la recherche du Hong Kong français et qui parle de l’obsession des Français, des années 1860 aux années 1930, pour créer un équivalent de Hong Kong. La colonie britannique est alors un modèle dont certains principes sont copiés par les Français. Tout cela pour dire qu’il y avait un double vide historiographique à combler : celui au sujet des Français de l’étranger, et celui au sujet de la France à Hong Kong. J’espère avoir fait d’une pierre deux coups…
Du point de vue de l’histoire hongkongaise, je crois qu’il est important d’insister sur le fait que ce territoire a été bien plus qu’une colonie britannique. Il est devenu l’emporium de l’Asie, une ville-monde innovante, une plate-forme globale qui, à bien des égards, a échappé au contrôle impérial. C’est ce qui rend ce territoire fascinant et presque unique au monde. Sans rien renier de l’immense influence britannique, Hong Kong a également été façonné par les apports de nombreuses minorités : Allemands, Parsis, Américains, Juifs, Indiens, etc. J’essaye donc d’apporter une pierre française à l’édifice…
« Certains portraits de Français font écho à des histoires personnelles »
En quoi cet ouvrage se distingue-t-il de l'histoire générale des Français à Hong Kong que vous avez déjà réalisé ?
Hong Kong, présences françaises est une collection d’épisodes français. Piloter cet ouvrage a été une formidable aventure qui m’a permis de travailler avec Paul Clerc-Renaud, Gérard Henry, le regretté Alain Le Pichon et Christian Ramage. Chacun a apporté sa contribution selon sa spécialité, et j’ai essayé, sur un peu plus de 150 ans, de donner une homogénéité à l’ensemble. On papillonne d’un thème à l’autre, d’une période à l’autre, sur des formats d’articles assez courts. Surtout, nous avons pu bénéficier d’une iconographie très riche et en grande partie inédite.
Ce nouvel ouvrage correspond à une démarche différente (et plus académique !). Il s’agit de comprendre les mécanismes de ces présences françaises. Comment elles s’articulent, comment elles interagissent, comment elles se développent… Être Français est un dénominateur commun qui suscite le rapprochement à l’autre bout du monde. Il y a une forte interdépendance et une communauté d’intérêt à cette époque où chaque nation évolue en parallèle et en concurrence. Cela donne des associations plus ou moins heureuses !
Même lorsque le point de vue est institutionnel, j’ai voulu montrer que tout repose quand même sur des affinités (ou pas !). Lorsqu’une lettre envoyée en métropole met 30 jours à voyager et autant à revenir avec une réponse, il faut bien improviser sur place ! Il me paraissait donc important de conserver le récit de nombreuses trajectoires humaines qui traversent cette période. D’ailleurs, je suis persuadé que, malgré les 100 ans d’écart et les évolutions, certains Français et certaines Françaises de Hong Kong ne manqueront pas de retrouver l’écho de leur histoire personnelle dans quelques portraits…
Pour réussir ce pari, il fallait poser l’action sur une période courte et aller en profondeur. C’est-à-dire l’inverse du premier projet qui, malgré tout, m’a énormément aidé. En coordonnant Hong Kong, présences françaises, j’ai pu découvrir des sources originales et, surtout, être mis en relation avec des archives privées. Ma thèse s’est beaucoup nourrie de ces apports.
« Les Français Libres sont honorés au cimetière de Stanley »
Envisagez-vous une suite, par exemple, la période de l'occupation japonaise ou les années d'après-guerre ?
Il n’y aura pas de deuxième saison pour les trépidantes aventures des Français à Hong Kong ! D’autres prendront peut-être le relais. En Histoire, il est important de changer de sujet ou d’angle régulièrement, pour ne pas s’enfermer. J’ai pris le large en étudiant davantage la compagnie des Messageries Maritimes, ce qui m’a conduit à m’intéresser à l’histoire sociale de la marine marchande en France, et maintenant, je bifurque vers la santé à bord des paquebots… Mais Hong Kong n’est jamais loin. Dans mon nouveau projet, je compare les systèmes sanitaires sur les lignes transatlantiques, transindiennes et transpacifiques. Je reviens donc à Hong Kong par son port !
Ceci étant dit, j’ai encore de la matière à partager. J’ai récemment écrit un chapitre dans un ouvrage collectif à paraître début 2023, au sujet des Français de Hong Kong pendant l’occupation japonaise. Cette période me tient particulièrement à cœur, car je me suis longtemps impliqué localement dans le cadre du Souvenir français. Il me paraissait important de sortir de ma réserve d’historien pour parler du devoir de mémoire avec la communauté française qui est parfois éloignée de cette réalité – en particulier les élèves du lycée français. Le ciment qui unit une nation, c’est notamment un passé commun autour duquel on peut se retrouver et discuter. La cérémonie annuelle autour de la stèle des Français Libres, au cimetière militaire de Stanley, est une manière très concrète de réfléchir à certaines valeurs. Xavier Pech et Samuel Hureau continuent d’ailleurs à œuvrer pour le devoir de mémoire à Hong Kong !
« L'Histoire interroge le présent »
En quoi, selon vous, le passé de Hong Kong et en particulier les événements décrits dans votre ouvrage résonnent-ils encore aujourd'hui ?
Dans cette question repose l’essence même du travail de l’historien. Au-delà de la simple curiosité intellectuelle, on éclaire le passé pour comprendre le présent. Cela passe par des choses simples : pourquoi y’a-t-il un vieil avion français suspendu au plafond de l’aéroport à Hong Kong ? Car le premier survol du territoire est français… Et puis, il y a des phénomènes plus complexes. Par exemple, pourquoi la communauté catholique autochtone est-elle aujourd’hui si importante dans une ancienne colonie britannique ? Car les autorités coloniales ont laissé le soin aux missionnaires français et italiens de développer une grande partie des œuvres sociales. Les deux nations étant en concurrence, elles ont rivalisé d’énergie pour créer des initiatives qui pouvaient susciter des conversions. On pourrait multiplier les exemples pendant longtemps…
Il faut également être lucide sur le travail de l’historien. On peut choisir d’éclairer spécifiquement certaines zones du passé car le présent interroge ce sujet. Un exemple concret : je consacre une place particulière aux présences féminines, leur rôle dans la société coloniale, mondaine, interlope, etc. Elles sont très peu mentionnées dans les archives, et il y a encore vingt ans, ce thème n’aurait même pas été abordé. Il ne s’agit surtout pas de tordre le cou à la réalité et de donner aux femmes une place qui n’était pas la leur à l’époque, mais de montrer qu’elles participaient aux rouages de la société et que, parfois, elles brisaient les conventions. Le cas des mariages mixtes est éloquent.
Il ne faut pas se mentir, tous les historiens sont affectés par leur sensibilité personnelle et le contexte dans lequel ils vivent lorsqu’ils choisissent d’approfondir un sujet. Une partie de mon introduction vise notamment à démonter cette subjectivité. J’ai côtoyé une communauté française que je voulais comprendre, et j’ai vu dans Hong Kong un territoire mondialisé stimulant : ces deux aspects sont évidemment présents dans mon travail. Une fois que nous avons « élucidé les raisons de sa curiosité » comme dit l’historien Roger Chartier, on peut travailler avec plus d’objectivité.
Et puis, il y a une dimension plus politique que je ne contrôle pas forcément. Depuis quelques années, un récit officiel et encadré tend à nier l’identité hongkongaise – donc les particularismes culturels issus de son histoire –, un récit qui tend à montrer que Hong Kong a toujours été un territoire chinois malgré l’occupation britannique. C’est vrai en partie. Mais en insistant uniquement sur cet aspect, ce discours répond à la volonté d’intégrer Hong Kong dans la Greater Bay Area et plus largement dans le giron de la République populaire de Chine. C’est tout à fait logique de la part d’un État, quel qu’il soit…
L’historien est là pour montrer que la réalité est forcément plus complexe et subtile qu’un discours politique. Les vagues successives d’immigration venant de Chine continentale, à partir des années 1840 et jusqu’à récemment, ont formé des strates sociales avec des sensibilités et des expériences différentes. À cela s’ajoutent quantités de minorités qui se sont installées à Hong Kong et ont fait souche. Sous l’autorité britannique, ces populations se sont peu à peu diluées dans quelque chose de différent qui n’était plus la Chine à proprement parler – si tant est qu’on puisse parler d’une Chine – et qui n’est pas non plus une extension asiatique du Royaume-Uni. C’est une hybridation unique qui doit sa forme actuelle à son ouverture passée sur le monde, et les Français font partie de cette Histoire.
Le livre de François Drémeaux est empruntable à la médiathèque de l'Alliance Française de Hong Kong — Jordan
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François Drémeaux 的新作《La France et les Français à Hong Kong (1918–1941)》(法國與在港法國人(1918至1941年))經已出版。《東西譚》藉此機會,訪問了他對香港的情懷。這位歷史學家不單熱愛歷史,更是「講古」能手。
Personnels du consulat de France devant l'école et le temple de Tsang Foo vîlla à Kowloon, vers 1924 - 1926. Au centre, le consul Yves du Courthial. Collection Lily Trinh.
「書中會探討法國人與香港結緣的因由。」
你的新作是以香港為主題,能否向讀者介紹一下這本書?
書名幾乎已經概括了所有內容,正是法國與法國人在兩次大戰之間的香港故事!此書本來是我在2016年所答辯的博士論文,為照顧普羅讀者,我已經修訂及重新編排內容,並確保不失卻學術嚴謹度。重寫之餘要兼顧到這兩方面,實在是相當有趣的考驗,但我同時亦可藉此機會退後一步綜觀主題。
此書的第一個主題是研究離開了法蘭西帝國的法國人,後面我會將主題延伸,著手探討旅居外地的法國人;為此我需要一個「實驗場」,即是一塊規模適中的土地,而且它在相對較短的實驗時間裏要有過明顯的動蕩起伏。而兩次大戰之間的香港正是理想的選擇!
『我以一個名為「漏斗」(法文﹕en entonnoir)的計劃為切入點』。該計劃原先是由官方(領事、外交)發起,目標是影響印度支那聯邦(又名法屬印度支那)及中國,以便之後集中處理與權力有關的其他要素,即貿易、金融、運輸、宗教。法國所擺出的這束鮮花,亦是我們所能見到以及法國有意推廣的部分。法國本身亦幾乎是個精神上(有時甚至沒有形態)的存在,只能透過其產品、思想,或者是我們自己的想像來捉摸,至於得出什麼印象就取決於你是英國人還是中國人。
Couverture de l’ouvrage, édition PUR, Rennes, 2022 |
此書的較後部分會深入窺探這束花的根!故事的主角是在香港過渡或處於社會邊緣的法國人遊走於東亞、搜羅奇貨的流氓匪盜,或者在香港為數眾多的法國妓女。這些都是歷史學家想要跳過的部分,而且在文獻中亦難以發掘到。另外還有婦女和兒童,他們往往是我們眼中微不足道的人,然而他們卻有完整的香港生活經歷。
以上的群體都圍繞著法國人這個共通點,或者更準確而言,是在外地的法國人。在帝國主義時代,「僑居外地法國人」這個概念有特別意義嗎?他們又會否覺得這個是獨特的身分?凝聚他們的要素是什麼?欲知答案,就要細讀這本書!
「香港向來是個別開生面的國際城市」
本身是歷史學家的你,為何會對香港情有獨鍾?
首先,我不得不承認,這個是屬於我個人的故事!當我 2007 年抵達香港時,瞬即就愛上這個地方。我在這裡渡過了十一個精采萬分的年頭。我覺得,既然香港給予了我那麼多,我就必須以某種形式來回報,哪怕只是略盡綿力!
初到埗時,我正在思索論文的題目,而當我開始寫《Hong Kong, présences françaises》(中譯:香港.法國人)時,終於有了清晰的頭緒。而這片土地彷彿是英國歷史學家的專屬研究地帶,甚少法國人會問津。然而,香港與法國的關聯實際上比我們所想像的重要得多。首先,香港是外界搶佔中國市場或解救東亞靈魂(視乎你是商人還是傳教士)的野地要塞!而且,由法國殖民時期開始至結束,香港一直掌握著法屬印度支那的經濟命脈。
Couverture de l’ouvrage, édition PUR, Rennes, 2022 |
另外,我正準備寫一篇標題為《À la recherche du Hong Kong français》(中譯:尋找法式香港)的文章,敘述法國人在1860至1930年代如何對香港痴迷,甚至想將香港複製至法國。當時的這片英國殖民地是個模楷,法國人還彷效了其中的某些方針。我舉出以上幾點,是想指出歷史學現在有兩塊空白有待填補僑居外地法國人,以及法國在香港。我希望能夠一石二鳥……
從香港歷史的角度看,我認為必須強調這裏當時不僅是英國殖民地,更早已成為亞洲商業中心、創新的國際城市,而且是多方面都擺脫大英帝國操控的國際大平台,因此香港才能夠引人入勝,並且在全球幾乎稱得上獨一無二。無疑,英國對香港的影響舉足輕重,但眾多少數族裔對香港的的貢獻亦不容忽視——德國人、巴斯人、美國人、猶太人、印度人等,所以容許我將法國人加入名單之中……
「某些對法國人的描述聽起來像是個人的故事」
這本書與你之前所寫的在港法國人通史有何不同?
《Hong Kong, présences françaises》是法國人在港片段的合集。編寫這本書是我大膽的嘗試,而我亦因此得以與Clerc-Renaud、Gérard Henry、已故的Alain Le Pichon、Christian Ramage共事。大家都有效發揮了自己的專長,而我的工作則是嘗試將這部150多年的歷史修葺得整齊均勻。此書的特點是由一個主題跳到另一個主題、由一個時期跳到另一個時期,每篇文章都相當短。最重要的是,「我們能夠利用到一套異常豐富且大部分未出版的圖象誌。」
至於新書方面,所採取的是另一種方針(並且更加學術!),因為要解構那些法國群體的內在機理——如何結成群體、如何互動、如何擴大……法國人的身分是使他們得以在世界的另一端凝聚結合的一大共通點。在當時候,每個國家並行發展又互相競爭,法國人之間存在強烈的相互依賴,發展成利益群體,或多或少形成各種同好聯誼會!
即使是從制度的觀點出發,我還是想證明一切都是出於親切感(或不親切感!)。當時寄信回法國需要長達三十日才寄到,而對方回信亦要用同樣時間才能收到,所以我不得不現場即興發揮!因此我覺得必須記述眾多人物在這段時期的經歷。此外,我深信,儘管經過一百年的歲月及變遷,但總會有些在港的法國人能在幾段故事裏發現到自己與歷史的共鳴……
為了達成這項不簡單的目標,我決定要深入敘述某段短時期內的事跡,這個方針正好與第一本書相反,儘管如此,之前的著書經驗仍然對我有很大幫助。在撰寫《Hong Kong, présences françaises》期間,我有機會發掘到一些第一手資料,更重要的是得到查閱私人檔案的機會,兩者對我的論文亦大有幫助。
「借古可以鑑今」
你認為香港的過去――特別是你書中所描述的事件,還能否引起今日的共鳴?
這條問題是在提醒我們,歷史學家的工作有什麼實在意義。除了最起碼能勾起大眾尋求真相的好奇心之外,我們的職責是照亮過去,以助他人理解現在,亦即所謂的明古鑑今。所以我們不只會問簡單的問題:香港機場的天花板為何掛著一架舊式法國飛機?(因為在香港完成第一次飛機升空的是法國人……)還有更複雜的現象留待我們發掘。例如,為何本地天主教社區對現時的香港如此重要?因為當時的港英殖民地政府發展一大部分的社區服務,將天主教社區交給法國及意大利傳教士。於是兩國賣力競爭,務求爭取到可以帶來傳教契機的項目。這些例子還有很多,可謂數之不盡……
我們還要對歷史學家的工作保持警覺。有時當某個議題突然炙手可熱時,我們會特別揭示某些領域的歷史。我舉一個具體的例子——我在自己的研究裏為婦女預留了一處特別的位置,我會刻意敘述她們在殖民社會、世俗社會、法外社會等領域的角色,相反,歷史文獻中很少提及女性(即使在二十年前,這個主題亦少有人涉獵)。我這樣做的目的不是要漠視實際條件,勉強為婦女討回當時不是屬於她們的地位,而是要大家見到她們亦參與了社會的運作,有時更甚至會打破傳統。跨種族婚姻就是一項例證。
我們不應欺騙自己,任何歷史學家都會受到個人感受影響,而當他們選擇深入研究某個主題時,亦會受生活環境的影響。我在前言部分亦特別提及要破除這種主觀影響。我曾經深入與自己想要了解的法國群體交往,我又認為香港是個激發想像的國際城市,我在書中亦有清楚帶出這兩方面。正如歷史學家 Roger Chartier 所言,只要從事歷史的人「釐清觸發好奇心的原因」,就可以更加客觀地研究。
此外還有一個較為政治的層面,是我的控制範圍之外。近年來,香港官方有一個自定的說法,是傾向否認香港的身分,從而否定香港在歷史上的文化特殊性。這個說法要說明的重點是,雖然英國曾經佔領了香港,但香港一直仍是中國的領土。這個說法有一部分正確。然而,只要堅持宣講這個正確的部分,就有助於促進香港融入大灣區的願景,從而使香港更加深入地融入中華人民共和國。無論如何,對於一個國家來說,這種做法完全合乎邏輯……
而歷史學家的工作,則是闡明現實遠遠比政治語言複雜及微妙。由1840年代起,中國內地的移民浪潮從未間斷,直到近年,他們已經形成了志趣和經驗各不相同的社會階層。此外,還有眾多的少數族裔在香港定居並站隱陣腳。在英國統治的時期,這些群體會逐漸被稀釋成其他形態,嚴格地說已經不再像中國(如果仍然可以平心靜氣談論中國);但另一方面,香港亦不再是英國在亞洲的延伸,而是獨一無二的交融體;香港有今時今日的模樣,是歸功於昔日向世界開放,而法國人亦有參與在這段歷史當中。 |
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