Portrait 人物誌 — Cinéma 電影

Par Gérard Henry

 
 

Gary Mak à la barre de la Broadway Cinematheque
麥聖希與百老匯電影中心

 
 

Parlons cinéma, mais pour une fois, de ces êtres d’exception qui se démènent sans compter les heures pour vous faire découvrir un cinéma de qualité : Gary Mak, le directeur de la Broadway Cinematheque est de ceux-là. Accueillant, toujours sobrement vêtu mais avec élégance, le sourire aux lèvres, les yeux rieurs et l’esprit vif, il n’a qu’une passion, le cinéma.

Au cours de presque deux décennies, Gary Mak a su faire de la Broadway Cinematheque, un lieu de rencontres chaleureux, où le cinéma est omniprésent, avec salles de projection, librairie, café, ventes de films et vidéos. Au milieu du quartier populaire de Yaumatei, c’est un lieu qui attire les cinéphiles, jeunes et vieux qui viennent y découvrir un cinéma de qualité. Gary est l’esprit des lieux. A la Broadway cinematheque, il s’occupe avec son équipe de la programmation, de la qualité de l’image, du développement du public, des abonnements, des rétrospectives, festivals et autres évènements spéciaux destinés à son public. « A peu près tout, sauf le fonctionnement quotidien du centre et les fuites dans les toilettes. » dit-il en riant.

Une passion qui remonte à sa jeunesse
« Au départ, lycéen, j’allais voir souvent seul des films à Tokwawan, au Ciné Art ou à Art Centre, les seuls cinémas art et essai de Hong Kong dans les années 80. Un jour, j’ai été attiré par un court métrage de Kieslowski au titre étrange A Short Film About Killing (1988), je l’ai trouvé très beau, j’ai compris que le réalisateur avait quelque chose à dire, mais sur le moment je n’ai pas compris quoi. Il y avait là quelque chose à explorer. » Ce fut une sorte de déclic qui l’incita à étudier le cinéma.

« Je me suis inscrit en Littérature comparée à l’université de Hong Kong mais lorsque j’ai découvert que ce sujet comprenait un cours sur le cinéma après la première année, cela a fait tilt dans mon esprit : J’ai alors pris de plus en en plus de cours sur le cinéma, avec des profs excellents, notamment Mary Wong et le professeur et poète Leung Ping Kwan, un humaniste très cultivé, alors le seul professeur capable de faire les liens entre les cultures occidentales et orientales, et de jouer un rôle de médiateur avec la culture hongkongaise. Sans lui, je n’aurais pas pu me faire de conception du cinéma de Hong Kong. »

Gary durant ces trois ans à l’université est aussi amené à découvrir la littérature : « une période de formation qui a formé et ouvert mon esprit. » Il commence alors une carrière de critique de cinéma à City Entertainment et à Hong Kong Economic journal avant d’aller faire une maitrise en cinéma à l’université de Londres. Il dépose même un projet de thèse dont le sujet montre déjà son originalité et sa marginalité :« Les femmes chinoises dans le cinéma des années 20 ». Mais le projet est abandonné car Hong Kong l’appelle et lui offre une place à la Broadway Cinematheque en 1999, une chance à ne pas manquer et une autre aventure commence.

La connexion française : « Les Roseaux sauvages de Téchiné, une révélation ! »
« Je n’ai pas de lien spécifique avec la France, mon concept de la France repose d’ailleurs sur le cinéma français. Ce dernier est si important, que ce soit celui des premiers jours, des années 20, ou de la Nouvelle Vague. J’ai appris un peu de culture française à Hong Kong à l’Alliance Française et à Londres quand j’étais étudiant. La langue est si belle et la culture française si cool ! C’est comme aller dans un pays de rêve, mais je n’ai pas eu vraiment le temps de le réaliser ! »

« J’aime des actrices excellentes comme Jeanne Moreau et Isabelle Huppert sur lesquelles j’ai organisé avec l’Alliance Française des rétrospectives et les grands maitres comme Truffaut ou Godard que j’admire mais qui me touchent moins. Par contre, je mentionne toujours le film d’André Téchiné Les Roseaux sauvages qui m’a marqué. J’ai l’impression que cela parle de moi, j’ai pu m’identifier avec ce film, tourné à la campagne et qui traite de l’adolescence, de grandir, d’atteindre l’âge de la maturité. Téchiné est très sensible et excelle à décrire une sorte d’ambigüité de l’être humain face à la vie, une ambiguïté qui me hante. Chez Téchiné, elle est douce et indéfinie comme dans un autre de ses films plus récent, Quand on a 17 ans (2016) dont on ne sait si les relations entre les deux jeunes garçons sont fraternelles, amicales ou amoureuses.

« J’étais pressé de montrer ces films français muets des années 20 que j’adorais et ce fut, un échec. »
L’éducation du public est une des réussites de Gary Mak à la Broadway Cinematheque. Se construire un public n’est pas toujours facile et une oeuvre de longue haleine. Il raconte qu’à ses débuts, il a été parfois victime de son enthousiasme. Adorant les films français du cinéma muet des années 20. Il décide au début des années 2000 de présenter une petite rétrospective d’une vingtaine de films comprenant les surréalistes et des films expérimentaux. « J’étais pressé de montrer ces films que j’adorais et ce fut un échec. Le public n’est pas venu. J’ai appris une leçon. Il faut connaitre son public et savoir faire un équilibre entre ce qu’il peut accepter ou non. »

Pour satisfaire son public, Gary Mak  voyage aussi beaucoup dans les festivals.  Si sa compagnie EDKO qui gère la Broadway cinematheque à une équipe et une direction des programmations et des achats de film, il cherche quant à lui dans les festivals à découvrir les cinéastes émergeant et les nouvelles tendances de l’époque en mesure d’intéresser ses différents publics, car il est aussi l’un des directeurs du   « Hong Kong Lesbian and Gay Film Festival ». Lors de l’Interview avec Paroles, il rentrait juste du festival de Toronto, qu’il trouve  plus accueillant et plus ouvert que les vieux festivals, plus traditionnels : « un tiers des films sélectionnés étaient des œuvres de réalisatrices, les Canadiens sont plus en avance sur les problèmes de genre, prêtant attention aux nationalités, minorités et orientations sexuelles, ils se renseignent sur votre profil, votre nationalité et orientation sexuelle et en tant que critique ou journaliste vous donne une opportunité d’interviewer tel ou tel réalisateur ou réalisatrice. C’est le premier festival à faire cela et je me suis senti respecté. »  Et ajoute-il en riant : «  Si j’avais  été par exemple une femme noire lesbienne, j’aurais eu toutes les chances d’interview ! »

« La réception d’Agnes Varda à Cannes, c’était énorme, c’était fou ! »
A la Broadway, il organise également de nombreuses rétrospectives comme en 2018 celle d’Agnès Varda avec le French Film Festival : « Quand j’ai vu la réception le 14 mai 2018 de Visages Villages de Varda à Cannes, c’était énorme, c’était fou, les gens étaient si heureux de voir Agnès Varda que tout le monde se levait pour l’applaudir, une standing-ovation, les gens la respectaient. Alors J’ai pensé pourquoi ne pas faire une rétrospective sur elle à Hong Kong au lieu de fêter toujours les réalisateurs masculins? Ses documentaires sont plus humains et proches des gens ordinaires et à Hong Kong on s’intéresse également maintenant aux gens ordinaires et à la culture locale. »

Gary essaie ainsi de remplir les vides laissés dans la programmation des cinémas de Hong Kong. Il collabore avec les festivals tels que le French May et le French Film Festival présentés par l’Alliance, bien qu’il dise qu’ils n’ont plus besoin de lui car ils ont d’excellents programmateurs. Ce qui le soulage car il s’occupe aussi de la programmation des 49 cinémas de Edko en Chine dont deux Broadway Cinematheque, une à Shenzhen et une à Pékin.

« Les films des années 20, c’est de l’émotion pure et j’aime la pureté »
Quant à ses gouts privés pour le cinéma, il avoue qu’il est moins touché par le cinéma contemporain et qu’il a peu de fascination pour les effets spéciaux : « ils font du cinéma un spectacle, la technologie ne crée pas d’émotion. Je suis plutôt de la ‘vieille école’ ajoute-t-il comme s’il s’excusait. Je suis stupéfait par les films des années 20, ils créent une vision, c’est de l’émotion pure et j’aime la pureté. D’ailleurs c’est pourquoi j’ai créé un programme appelé BC classic, pour faire connaitre ces films restaurés à la jeune génération hongkongaise. »

Gary a des gouts simples et aime être près de la nature, il vit dans un village retiré sur l’ile de Lamma, loin de la foule et des gens. « Tout est basique et simple mais offre ce que j’aime, la nature, la plage, les barbecues avec les amis » Pour les émotions il avoue que le cinéma ne le fait plus pleurer mais que parfois devant une chorégraphie de danse contemporaine, une larme lui coule sur la joue.

 

今日的主題雖然是電影,但稍有不同之處,是要介紹一些為電影廢寢忘餐、使我們欣賞到無數傑作的人士。其中一位, 是百老滙電影中心的總監麥聖希。麥聖希給人和善友好的印象,雖然他總是作樸素打扮, 但仍不失優雅;雙眼流露出喜悅和機智。而他心中只有一團火——電影。

經過近二十年的努力,麥聖希成功將百老滙電影中心變成富有情懷的消閒地點。在這裏, 電影無處不在,另外還有放映室、書店、咖啡廳、電影及影片售賣點。電影中心位於油麻地的繁華路段,是個能吸引老少影迷前來發掘好戲的地方。麥聖希正是這裏的靈魂人物。他在百老滙電影中心與員工一同處理節目編排、映像質素、發掘觀眾、會員事務、回顧展覽、影展等事務,及其他為戲迷而設的特別活動。「除了中心的日常運作和廁所漏水外,幾乎要處理一切事務。」他笑言。

年少已燃起電影之火
「我讀高中時已經常獨自去影藝戲院或香港藝術中心看電影,藝術電影院在八十年代就只有這兩間。有一日,我被基斯洛夫斯基(Kieslowski) 一套短片吸引,戲名較奇怪,叫 《殺人短片》(A Short Film About Killing)。我覺得這套電影很美,又感覺到導演想表達某些訊息,雖然當時我並不清楚是什麼。有某些東西等着我發掘。」他修讀電影的契機,只是那靈機一觸。

「我當時正在修讀香港大學的比較文學課程, 但當我發現第一學年之後的課程會有一個電影課後,我的心便有了觸動,慢慢我選修的電影科目越來越多。港大的師資一流,特別是黃淑嫻和教授兼詩人也斯。也斯是人本主義者, 教養極高,是唯一有能力聯繫中西方文化的教授,而且還承擔了引導香港文化的工作。沒有他的話,我便沒法明白香港的電影。」

大學的三年也使麥聖希對文學有更多了解, 他形容:「那段學習的日子還建構和開導了我的思想。」於是他開始在《電影雙周刊》和 《信報》發表影評,後來再遠涉倫敦大學修讀電影。他還曾構思要寫一篇論文,在題目中隱隱可見他的創意和大膽﹕《二十年代電影裏的中國女性》。可惜寫作計劃不得不擱置, 因為1999年他獲百老滙電影中心聘用,要返回香港,對他而言這是不容錯失的良機,於是他的事業進入新的一頁。

與法國結緣:「泰希尼的《野蘆葦》啟發了我﹗」
我與法國並無太多交集。我對法國的印象全部來自法國電影。無論是在最早期、二十年代、新浪潮,法國電影都太重要了。我在香港和倫敦讀書時,曾在香港法國文化協會學過一點法國文化。法語非常優美,法國文化亦很了不起﹗如果要去的話,法國會是個夢幻般的國度,可惜我沒時間實現美夢﹗」

我喜歡珍摩露(Jeanne Moreau)、伊莎貝雨蓓(Isabelle Huppert)等優秀女演員,我曾與香港法國文化協會合作舉辦她們的回顧展覽。我也敬佩杜魯福和高達等大師級導演, 儘管他們對我的影響較少。然而,我會時常提起泰希尼 (Téchiné) 的作品《野蘆葦》(Les Roseaux sauvages),它對我有更大影響。我會覺得這套電影是與我有關,我在電影裏找到我自己。這套在鄉郊拍攝的作品描寫了青春期、成長、步入成熟年齡。泰希尼的觀察非常敏銳,而且極擅於描述人類在面對生活時的一種模糊狀態。這種模糊狀態會令我不知所措,但在泰希尼的作品裏,這種模糊卻是來得既甜蜜又難以言狀,就像在2017年的《17歲的那些年》(Quand on a 17 ans)裏,我們看不清兩個男孩的關係到底是兄弟、朋友,還是情人。

「那時我急着播放那些自己心愛的二十年代法國電影,結果反應冷清,非常挫敗。」
觀眾教育是麥聖希在百老滙電影中心其中一項成就。建立觀眾群並非易事,須長時間努力。他憶述在剛開始的時候,有時會被自己的熱情沖昏頭腦。他太喜歡二十年代的法國無聲電影,在2000年代,他決定舉辦一場小型電影回顧展,20套作品包括超現實主義作品和實驗電影。「我很想放映自己喜愛的電影,結果遭遇失敗,沒有觀眾來看。於是我得到了教訓,要理解觀眾的想法,懂得在他們可接受與不可接受的事物之間取得平衡。」

為了令觀眾滿意,麥聖希還參加了不少影展。 他所屬的公司安樂影片安排了一組員工、一位節目兼購片總監管理百老滙電影中心,而他則走訪大大小小的影展,發掘有潛質的製片商,同時捉摸時代的走向,以考量各路觀眾的口味,因為他同時亦是「香港同志影展」其中一位總監。麥聖希接受《東西譚》雜誌訪問時,剛好參加完多倫多影展。他認為,多倫多影展相比其他悠久和傳統的影展更歡迎參加者和更開放:「參展電影有三分之一是女導演的作品。加拿大人在分類問題這方面較先進,他們會留意國籍、少數群族、性取向;當影評人或記者給你訪問導演的機會時,他們會查詢你的背景、國籍、性取向等各方面。這是第一個採取這種措施的影展,我感覺到他們對我的尊重。」他笑着補充:「如果我是黑人女同志,訪問會多到沒完沒了﹗」

「康城影展迎接艾麗絲華坦的場面非常隆重,壯觀無比﹗」
麥聖希在百老滙也舉辦了很多回顧展,譬如2018年與法國電影節合辦的艾麗絲華坦回顧展。他說:「當我在2018年5月14日的康城影展看到大會歡迎艾麗絲華坦的《眼睛相旅行》(Visages Villages) 時,真是非常隆重,非常壯觀。所有人看到艾麗絲華坦都非常高興, 為她起立鼓掌,大家都尊敬她。於是我就想, 以往總是記念男導演,這次不如為她在香港辦個回顧展。她的紀錄片總是更有人情味、更貼近平凡人。現在的香港也正對平凡人和本地文化感興趣。」
麥聖希嘗試要填補香港大小戲院在作品題材方面留下的缺口。他與法國五月藝術節中由香港法國文化協會舉辦的法國電影節目合作,儘管他說現在的電影節都不再需要他了, 因為他們有一流的節目編排員助陣。他對此感到欣慰,因為他還要負責為安樂影片有限公司在中國的49間戲院編排節目,包括深圳和北京兩間百老滙電影中心。

「二十年代的電影裏有純粹的情感,而我喜歡純粹的事物。」
個人的電影品味方面,他承認對近代電影較少興趣,也不太懂得欣賞特技效果:「他們將電影製作成表演,但是科技本來無法製造情感。」可能是想要折衷,他補充道:「我本人比較守舊,更欣賞二十年代的電影。它們開拓了新的視野,就是純綷的情感,而我喜歡純粹的事物。我另外製作了一套節目,名叫《BC Classic》,原因也是如此,希望讓香港年青的一代認識這些經過修復的電影。」

麥聖希的品味相當簡單,他喜歡接近大自然,所以他住在南丫島較偏遠的鄉村,遠離鬧市與人煙。「這裏的一切都原始簡單,但正好滿足了我的追求——大自然、海灘、與朋友一起燒烤。」至於情感方面,他承認電影已不再能使他哭泣,但現代舞的編舞,有時還可以令他的雙頰留下一點淚痕。

 

 
 

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