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Le 5 septembre dernier, l'Alliance Française recevait le photographe Romain Jacquet-Lagrèze pour un échange informel avec ses étudiants et ses membres. L'occasion de rentrer dans l'univers de ce photographe français talentueux et explorer sa fascination pour Hong Kong.
Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées à la médiathèque pour en apprendre plus sur son travail et son expérience à Hong Kong. Le public était captivé par la beauté des photographies projetées sur écran, et s'est empressé de poser un grand nombre de questions au photographe sur son esthétique, sa philosophie de travail et même certains détails techniques.
Romain Jacquet-Lagrèze est né en France en 1987. Il a d'abord travaillé comme créateur de sites web à Tokyo, avant de s'installer à Hong Kong en 2009. Il a alors été immédiatement séduit par l'énergie et le paysage architectural uniques de cette ville. A son arrivée, il n'avait pas d'appareil photo Reflex, et n'envisageait pas particulièrement de faire de la photographie une profession.
Tout a commencé lorsqu'il a remarqué la particularité de la lumière de Hong Kong, à certaines heures de la journée. Il s'est passionné pour ce moment très particulier que les photographes appellent « l'heure bleue », cette poignée de minutes baignées de lumière bleue entre jour et nuit, entre chien et loup. La ville se trouve alors enveloppée dans une teinte mystérieuse, créant une atmosphère poétique que Romain Jacquet-Lagrèze a voulu retranscrire dans une série intitulée The Blue Moment. Le photographe a parlé de l'influence de Van Gogh dans la création de cette série, particulièrement de sa palette de couleurs dominée par le bleu, le jaune et l'orange. Citant des influences plus contemporaines, le photographe a mentionné le peintre japonais Manabu Ikeda, dont les dessins grand format, représentant des paysages imaginaires complexes et minutieux, nécessitent plusieurs années de travail.
Parallèlement à cette série, le photographe a également publié trois autres livres : Vertical Horizon, Wild Concrete et Concrete Stories.
« un voyage en contre-plongée parmi les gratte-ciels »
La première série, Vertical Horizon, est un voyage en contre-plongée parmi les gratte-ciels : chaque cliché est une prise de vue immersive vers les immeubles hauts, dont les cimes découpent des forces géométriques variées dans le ciel. Le spectateur ressent alors une sorte de vertige, prenant conscience de sa petite taille face à ces géants architecturaux.
Wild Concrete a été inspirée par la vie urbaine et la jungle rampante de Hong Kong, dont la végétation semble constamment jaillir des bâtiments, dans les endroits les plus improbables. Le climat subtropical dont jouit la ville fait qu’une grande variété de plantes peut pousser directement sur le bitume, sur le toit d'un immeuble, sur des terrains très escarpés, et même surgir d’un tuyau le long d'un mur ! La plupart de ces photographies ont été prises dans des quartiers anciens et populaires, qui, au début des années 2010, n'étaient pas encore dominées par les hautes tours en verre contemporaines des quartiers financiers. Nombre de ces vieux bâtiments ont, depuis, été détruits. De projet esthétique, les clichés prennent alors valeur de poignant témoignage historique.
La dernière série en date, Concrete Stories, fait apparaître des êtres humains en miniature, perdus dans l'immensité architecturale de la ville. Le photographe a choisi, pour cette série, de se concentrer sur les toits des immeubles, les « rooftops », théâtre de milliers de vies minuscules. L'un étend son linge pendant que l'autre fait une sieste au soleil, dans l'indifférence de la foule qui fourmille en contrebas, au niveau de la rue. Si les toits des immeubles sont malheureusement souvent interdits d'accès dans les résidences récentes, les vieux bâtiments permettent un accès libre à ces toits, précieux espaces extérieurs dans une ville à la densité de population extrême. La série joue avec l'idée de l’intime : bien que les personnes en photo semblent totalement seules, elles sont en réalité entourée d'immeubles plus hauts, et donc, potentiellement, de dizaines de paires d'yeux attachés à leurs moindres mouvements. A l'inverse des photos bleutées de Blue Moment, celles-ci ont été prises à l'« heure dorée », au moment où les ombres s'allongent et le soleil fait scintiller les murs dans une teinte orangée. |
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• Romain Jacquet Lagrèze — Vertical Horizon #44 — avec l’aimable autorisation de Blue Lotus Gallery
今年九月五日,法國文化協會請來攝影師Romain Jacquet-Lagrèze,與協會的學員和會員作一次非正式交流,讓香港的朋友有機會探索這位法國攝影奇才的藝術世界,並聽他細說香港的令人着迷之處。
當日的交流會在協會的多媒體圖書館舉行,約有50人到場。Romain Jacquet-Lagrèze 向出席者講解他的作品,以及他在香港的經歷。觀眾不但着迷於螢幕所展示的動人攝影作品,更提出不少關於作品的攝影美學、理念以至一些技術細節等問題。
Romain Jacquet-Lagrèze 在1987年生於法國。2009年定居香港前,他在東京從事網頁設計的工作,且迅速拜倒在這地獨一無二的活力及建築景緻之下。他剛到步時,連單反相機都沒有,更未想象過會將攝影變成事業。
這一切的契機,是他發現香港白晝某些時刻的獨特光景。迷上了這些景色後,他還將拍下的相片命名為《藍色時刻》(l’heure bleue) ——意思是從晝入夜、日暮難分的短短數分鐘藍光。在這時刻裏,城市會披上神秘的色相,構造出詩一般的情調。Romain Jacquet-Lagrèze 想捉緊這一瞬間,因此攝製了《藍色時刻》特輯。他談論到梵高對他的製作構思有影響,尤其是藍、黃、橙三種主色的選用。至於較近代的藝術家,他提到日本畫家池田學的宏偉巨製,其複雜又精細的想象風景需時往往長達數年之久。
除了《藍色時刻》外,Romain Jacquet-Lagrèze 還出版了三本攝影集:《Vertical Horizon》、《Wild Concrete》、《Concrete Stories》。
舉頭望高樓
第一本作品集是《Vertical Horizon》,每張相片都是由低至高的視角,摩天大樓向上伸延,如無窮盡,倚天貫日;磅礴氣勢令人眩目讚嘆,領略到自己相比巨樓何其渺小。
《Wild Concrete》的靈感來自香港都市生活,以及市內處處可見的綠色:大廈裏外彷彿總有大大小小的花草樹木冒出,柳暗花明,意想不到。由於香港位處亞熱帶區,所以各種植物可直接在瀝青道路、大廈樓頂生長;甚至可沿著陡峭的地段,以及牆邊的水管蜿蜒!這些相片大部分都是在人口稠密的舊區拍攝。回想2010年代早期,這些區域尚未被現代化玻璃幕牆金融高樓進佔,可惜如今這些舊建築不少已被拆除,因此,這類相片集就忽然無奈添上了見證歷史的價值。
最新的相片集《Concrete Stories》,主題是渺小人類在大都會的巨型建築物之間蕩然迷失。Romain Jacquet-Lagrèze 在這專輯裏特意將焦點放在大廈樓頂,「千百廣廈」的天台,正好是上映眾生平常點滴的戲台。有人晾衣服,有人乘着日光午睡,那管樓下大街人潮如鯽。雖然很多現代大樓都已經鎖起天台禁止進入,但舊樓的天台都可自由進出,在人口如此密集的區域,是極其難得的戶外空間。這本作品集也營造了「緊密」的意味:雖然相中人看似孤零,但其實正被更高的大廈包圍着,他們的一舉手一投足,說不定有幾十雙眼留意着。與《藍色時刻》的泛藍相片相反,這專輯的作品都是攝於「金黃時段」,人和物的陰影延長,陽光之下的樓牆閃閃生輝,是橙黃的色調。 |
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