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Par Matthieu Verrier (Un article en partenariat avec Le Petit Journal Hong Kong)

 
 

Un petit coin de France dans les startups hongkongaises
香港初創企業界的法國小隅

 
 

Dans la course des « startup nations », chacun veut attirer les talents. Hong Kong présente un écosystème favorable où poussent quelques dizaines de jeunes pousses françaises.

Partout dans le monde, il existe des poches d’innovations. Chacune d’elles cherche à se hisser au niveau du modèle suprême : la baie de San Francisco. Ainsi, aux quatre coins de la planète fleurissent des « Silicon valley » locales, comme jadis l’industrie touristique mettait en avant des « Venise du Nord » ou « de l’Est ». Hong Kong entend prendre sa part dans la course à l’innovation en Asie.

La ville n’est pas encore la Californie de l'Extrême Orient. Les atouts existent cependant pour faire sa place sur la scène mondiale. Cela se traduit dans les chiffres. Plus de 2 800 startups sont implantées à Hong Kong. Elles poussent à toute vitesse (+18% en 2018), mais peuvent mourir aussi soudainement. C’est le cas d'une majorité d’entre elles. C’est arrivé, par exemple, à Gobee.Bike, fondée par un Français, Raphaël Cohen. Le service de location de vélos en libre service a explosé quelques mois après sa mise en service en mai 2017, avant de mettre la clé sous la porte à l’été 2018.

Les succès peuvent être durables et la grandeur infinie. La limite, c’est le ciel, répètent les ambitieux, friands de formules de la sorte. Une des mesures pour déterminer le poids d’un écosystème réside dans le nombre de « licornes », surnom donné aux entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars américains. Hong Kong en compte sept : Gogovan, Lalamove, Bitmex, Klook, Sensetime, Tink Labs et WeLab.

La France en dénombre quatre : Blablacar, une plateforme d’auto-partage, Vente-privée, un site de vente en ligne, Critéo, une plateforme publicitaire et OVH, un hébergeur. Le pays compte près de 10 000 startups, pour deux tiers en région parisienne. C’est dans la capitale que se trouve la Station F. Lancé par le patron Xavier Niel, fondateur et PDG de Free, un fournisseur d’accès à Internet, ce lieu de 34 000 m² se dit le « plus grand campus de startup du monde ». Les autres villes essaient aussi de tirer leur épingle du jeu, avec un label French Tech distribué à douze métropoles de province et une vingtaine de « hubs » à l’étranger.

Des fintechs françaises
Face aux opportunités dans la Perle de l’Orient, quelques Français tentent leur chance. Ils sont quelques dizaines, une quarantaine sans doute. « Par rapport à la Silicon valley ou à Londres, les gens ne viennent pas ici pour monter une start up », explique Romain Aubert, « ils sont déjà là et quittent leur travail pour monter leur entreprise. » Romain Aubert coordonne la French Tech à Hong Kong et Shenzhen. Souvent, donc, « le profil est plutôt business et financier », précise Romain Aubert. Alors les fintechs sont bien représentées parmi les Français à Hong Kong. Mais ce secteur est loin d’être le seul investi par les startups. Il est même possible de s’attaquer à d’autres secteurs lorsqu’on démissionne pour fonder son entreprise. Saketaram Soussilane a quitté la finance après que ses enfants ont présenté des problèmes respiratoires. Il voulait se saisir de la question de la pollution. Il a alors lancé son entreprise, meo air analytics qui propose une mesure fine et en temps réel de la qualité de l’air.

Hong Kong présente quelques avantages. Le premier est financier. Certes, Singapour compte six fois plus de fonds de capital risque que Hong Kong, où les gros investisseurs chérissent encore l’immobilier et l’économie traditionnelle.
« Mais, ici, c’est de "l’argent éduqué" (smart money en anglais), c’est-à-dire qui comprend bien l’investissement de capital risque dans les startups », précise Romain Aubert.

Ville ultra connectée
Deuxième avantage : les infrastructures. En 2016, Hong Kong a été sacrée ville la plus connectée du monde par le cabinet GfK. Ses habitants sont friands d'écrans en tous genres. Les centres de Chai Wan et Tseung Kwan O continuent de développer leur accueil de câbles sous-marins en fibre optique, le prochain devant relier la région à Los Angeles.

Outre les infrastructures, la connectivité de Hong Kong s’apprécie aussi par la liberté de surfer sur internet. Ici, point d’entrave, contrairement à la Chine continentale. Ce détail n’est pas neutre lorsqu’il s’agit de travailler en grande partie via la Toile ou de penser une stratégie marketing. Ne pas avoir accès à Facebook sans VPN par exemple peut être pénalisant pour la commercialisation.
Pendant longtemps, Hong Kong a été considérée comme la porte d’entrée du marché chinois. Mais depuis vingt ans, l’empire a ouvert portes et fenêtres. Pour toucher ses consommateurs, une start up s’installera davantage à Pékin que sur la côte méridionale. Le « port parfumé » reste toutefois un point d’entrée et de sortie, pour les capitaux et le commerce, vers la Chine et l’Asie. Les échanges ne cessent jamais. Et la France y prend sa part.

La culture française de l’entreprise
Un soir de janvier, Mathieu Toulemonde fait défiler son Powerpoint dans les locaux d'une entreprise au coeur de Sai Yin Pun. Le jeune homme a été invité par FrenchFounders, un réseau mondial de dirigeants francophones d’entreprises. Au menu de sa présentation : l’open innovation. Mathieu Toulemonde pilote Agorize en Asie. Son entreprise met en relation de gros clients et de jeunes innovateurs. Il est alors au cœur de la rencontre entre la culture tricolore et la culture locale, mais aussi entre la culture de grands groupes et de petites startups.

« La culture de travail française est beaucoup mieux considérée », souligne-t-il. « Quand les Américains pressent leurs salariés "comme des citrons", nous proposons une innovation créative, une ambiance plus chill et plus de transparence », note encore Mathieu Toulemonde. Cet atout n’est pas négligeable lorsqu’une startup française veut attirer des talents.

Les grandes entreprises françaises viennent aussi recruter de jeunes virtuoses dans leur domaine. Elles cherchent du savoir-faire, des idées innovantes correspondant aux usages asiatiques et un moyen de se différencier dans leur communication. Elles les trouveront soit dans les universités, soit dans les jeunes pousses. Ainsi se créent les ponts entre les innovations et l’économie traditionnelle et entre la France et Hong Kong.

 

在群雄割據的全球「初創風潮」中,每方都致力吸引人才。在香港優越的營商土壤中,有數十顆法國青葱豆芽正在奮發生長。

現時世界各地都不斷有創新項目出爐。每間公司都力爭上游,期望進入初創界的聖地:三藩市灣。於是乎,全球有四個角落已孕育出當地的「矽谷」,就像從前旅遊界所命名的「北方威尼斯」或「東方威尼斯」。香港,亦有意在亞洲的初創競賽中佔一席位。

雖然這個城市還稱不上是遠東的加州,然而大量資產在這個國際舞台滙聚。我們從數字上可以看到這點,香港有超過2,800 家初創公司。它們正在全速成長(2018 年的增長率達18%),但也可能會突然結束。而且,大部分落得這個命運,例如法國人Raphaël Cohen 創立的Gobee.Bike。這間自助租賃單車公司在2017年5月開始營運,短短數月間勢如破竹,卻在2018年夏季草草結束。

成就可以持久,規模並無限制。壯志凌雲且雄心不斷的企業家,才是獲得市場祝福的寵兒。衡量創業環境優劣的指標之一,是「獨角獸」的數目,即估值超過10億美元的企業。香港有七間:Gogovan、Lalamove、Bitmex、Klook、Sensetime、Tink Labs、WeLab。
法國則有四間:汽車共享平台Blablacar、網上銷售網站Vente-privée、廣告平台Critéo、虛擬主機公司OVH。法國有近10,000 家初創企業,當中三分二聚集在巴黎大區。位於法國首都的StationF,創辦人是互聯網供應商Free 的創始人兼行政總裁Xavier Niel。佔地34,000 平方米的Station F 據說是「全球最大創業園區」。其他城市亦正在設法脫穎而出,其中,French Tech 在巴黎以外的12 個法國城市設有據點,並在海外有20 個「樞紐」。

法國的金融科技
有見東方之珠的機遇重重,不少法國人躍躍欲試(約有四十位)。「與矽谷或倫敦相比,大家不會專程來香港辦初創企業。」Romain Aubert說。「來香港的人早已去過矽谷或倫敦打拼,並將工作辭掉,再在這裏創辦自己的公司。」Romain Aubert 是FrenchTech 在香港及深圳的主管。Romain Aubert形容:「因此,香港的形象普遍更偏向商業及經濟方面。」因此,不少在港的法國人從事金融科技行業。但金融科技絕非初創公司唯一的投資目標。當他們辭職創業時,也可選擇其他行業。當時Saketaram Soussilane 的子女患上呼吸疾病,他便脫離了金融行業,因為他有志於防污染方面的工作。於是,他成立了自己的公司,提供精細、實時的空氣質素測量。

香港的優勢有數項。首先是金融。固然,新加坡的風險投資基金是香港的六倍,而且香港的大型投資者仍較重視房地產及傳統經濟。「但香港有的是『聰明錢』(英文為smart money),換句話說,投資者了解對初創企業方面的風險投資。」Romain Aubert 說。

網絡發達之都
第二項優勢:基建設施。2016 年,香港獲GfK 評為全球上網率最高的城市。市民對各種螢幕設備都駕輕就熟。柴灣及將軍澳中心正繼續發展光纖海底電纜,並將要與洛杉磯連接。
除基建外,香港上網完全自由,令網絡優勢更明顯。

香港與中國大陸不同,上網無拘無束。當作業或構思市場策略需要大量使用網絡時,這個細節就絕非無關宏旨了。例如,如登上Facebook 還必須依賴VPN,這點對營商非常不利。
長久以來,外界一直視香港為中國市場的大門。但這個東亞帝國二十年間已經開放了門戶。為了吸引消費者,初創企業會選擇落戶北京,而不是在南部沿海。然而,「香氣之港」仍然是資本與貿易進入中國及亞洲的出入口。交流永不止息,法國穩佔一席。

法國企業文化
一月某夜,在西營盤核心地段某家公司裏,Mathieu Toulemonde正在翻動他的Powerpoint 投映片。這位年青人受法語區商界領袖全球網絡FrenchFounders 邀請演講,標題是「開放式創新」(open innovation)。Mathieu Toulemonde 是Agorize 在亞洲的舵手,他的公司會將大客戶與年青創業家配對。那裏不單是法蘭西文化與本地文化交滙的樞紐,更是大機構與小型初創公司會面的重地。

「法國的工作文化更加講究思考。」他形容。美國人會將員工「當作檸檬」一樣壓榨,「我們則提倡創意開發、更冷靜的氣氛、更透明的方式」Mathieu Toulemonde 補充。當法國初創公司想要吸引人才時,這種優勢不容忽視。

法國大企業亦已開始招募各自領域中的年輕才俊。他們正在尋覓可適用於亞洲的專業知識、創新理念,以及能令自己在洽談中脫穎而出的方式。這些企業會在大學或初創公司找尋目標,通過這種方式在創新與傳統經濟之間,以及法國與香港之間建立橋樑。

 
 

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