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Fondé en 1953, la même année que l’Alliance Française de Hong Kong, le University Museum and Art Gallery (UMAG) de l’Université de Hong Kong est le plus vieux musée en activité du territoire. Gratuit, il organise chaque année une dizaine d’expositions temporaires, dont celle qui fut consacrée au photographe Willy Ronis en 2019, dans le cadre du French May. Paroles a rencontré son directeur, Florian Knothe, natif de Hambourg, historien de l’art, francophile et francophone.
Florian Knothe vit à Hong Kong depuis 2013, après avoir travaillé au Metropolitan Museum of Art de New York (Met) puis au Musée du verre de Corning. À l’origine spécialiste de l’histoire des arts décoratifs français aux XVIIe et XVIIIe siècles, il s’intéresse aux échanges et aux allers-retours culturels : les inspirations chinoises dans les arts en Europe (les fameuses « chinoiseries », voir l’encadré) tout comme les influences européennes en Chine (les objets chinois peints d’après des gravures ou des dessins européens). Ses recherches portent également sur les matériaux et l’histoire des techniques. Sous sa conduite, l’UMAG a organisé plusieurs expositions en lien avec la France. Citons, outre Willy Ronis, l’œuvre sur céramique de Picasso (2014) et les tapisseries de Beauvais au XVIIIe siècle (dont une partie de la « Seconde tenture chinoise », voir aussi l’encadré) en 2017, ainsi que les photographies de René Burri (2013) et la porcelaine de Sèvres (2015), ces deux dernières en partenariat avec le French May. En 2016, Florian Knothe a été décoré des insignes de chevalier dans l’ordre des Palmes académiques par M. Eric Berti, alors Consul général de France à Hong Kong et Macao.
Un habitué des musées parisiens
L’intérêt de Florian Knothe pour l’art français est ancien. Jeune étudiant en licence de conservation de mobilier en Angleterre, il étudie à Paris durant un semestre, à l’École Boulle, dans le cadre d’un échange Erasmus. Il fréquente les collections d’arts décoratifs du Louvre et du Musée des Arts Déco (qui, d’abord fermé pour travaux, finit par rouvrir) : « J’étais en complète immersion dans l’art français […] et dès lors les arts décoratifs français ont constitué mon principal objet d’étude : d’abord le mobilier, puis la céramique, la tapisserie... ». Son master en histoire de l’art porte sur Paris au XVIIIe siècle, notamment la peinture et les intérieurs. Il décide ensuite de consacrer sa thèse à la Manufacture royale des Gobelins sous Louis XIV : « et plus précisément la première décennie de son existence, où l’on y produisait de tout, et pas seulement des tapisseries ». Il vit deux ans à Paris, se rendant tous les jours à la BNF pour en consulter les archives. « Je parlais plutôt bien français » explique Florian Knothe avec un sourire.
Après sa soutenance de thèse, il travaille au Met puis au Musée de Corning (dans l’État de New York). Il s’intéresse alors au travail du verre, à ses matériaux et techniques, au point d’effectuer des analyses d’éléments chimiques. Les différents acteurs de la production des objets et leurs interactions emportent également son attention : les artisans, les ateliers et les guildes (là où la Manufacture des Gobelins résultait d’ailleurs d’une rencontre entre artistes et artisans). Cette approche au croisement des technologies et du social lui semble plus fructueuse que l’histoire de l’art traditionnelle, centrée sur l’iconographie. Ici également, ses recherches en abordent des aspects interculturels : le verre influencé par les chinoiseries dans différents pays européens, mais également les influences technologiques européennes dans le travail du verre en Chine.
Après son arrivée à Hong Kong, Florian Knothe s’intéresse aux textiles et à la céramique, dont la fabrication comporte des ressemblances avec le travail du verre. Mais il avoue ne plus pouvoir consacrer beaucoup de temps à la recherche, l’enseignement et la direction du musée l’occupant presque exclusivement.
Bronzes et argentique
En plus de ses collections chinoises permanentes (bronzes, calligraphies, céramiques, peintures), le musée fait la part belle à la photo, puisqu’au moins une exposition temporaire y est consacrée chaque année : « le public hongkongais aime beaucoup la photographie », explique ainsi Florian Knothe. Cet engouement a récemment conduit à la prolongation de deux expositions très populaires. Tout d’abord celle consacrée à Willy Ronis, en collaboration avec le Musée du jeu de paume et les Archives photographiques de Paris, dont Florian Knothe était le co-commissaire : « Enseigner à partir des collections m’a beaucoup intéressé : attirer l’attention sur la technologie utilisée – après tout, la photographie en était presque encore à ses débuts – et la façon dont Ronis a utilisé la photographie pour créer une certaine image de Paris. Et aussi les différents sentiments et les émotions dans les photos. » De petits groupes d’étudiants de l’Alliance Française ont d’ailleurs fait classe dans l’exposition. Les apprenants devaient choisir une photo puis la décrire et parler des émotions s’en dégageant. Une expérience très intéressante et stimulante, selon Florian Knothe.
L’autre exposition (malheureusement victime, dans ses dernières semaines, de la fermeture de l’UMAG en raison du Covid-19 début février) provient d’un fonds d’archives conservé à Budapest. En partie tombés dans l’oubli, les clichés qu’il contient ont été exhumés par Florian Knothe. Il s’agit de photographies prises en Chine par le Hongrois Dezsö Bozóky (1871-1957) en 1908 et 1909. Officier et médecin dans la marine austro-hongroise, en poste à Hong Kong durant deux ans et demi, celui-ci a pu prendre un grand nombre de photos le long de la côte chinoise, de Canton jusqu’à la Grande Muraille, en tant que simple « touriste ». Passionnantes tant d’un point de vue esthétique qu’historique (il existe peu de documentation photographique sur les dernières années de la dynastie Qing), elles relèvent d’une technique spécifique. Il s’agit en effet d’images en noir et blanc imprimées sur des plaques de verre de 8 x 8 cm et peintes à la main (probablement par une autre personne que leur auteur). Très petites et fragiles, elles ne pouvaient être transportées hors de Hongrie. La technologie numérique a permis leur développement en haute définition et leur exposition à des milliers de kilomètres de distance, avec le concours du consulat de Hongrie à Hong Kong et du Musée des Arts asiatiques Ferenc Hopp de Budapest. « À la veille de la révolution de 1911, la Chine était en pleine transformation, avec une multiplication des petites rébellions. Bozóky n’a ni commenté ni photographié ces évènements politiques. Il était simplement curieux à l’endroit de la Chine, et très positif dans ses commentaires ! », explique Florian Knothe. Le médecin hongrois a en effet laissé beaucoup de notes écrites, reproduites dans le catalogue de l’exposition : « Il a vu beaucoup, et beaucoup commenté. Y compris des lieux qui sont toujours visités aujourd’hui à Canton, Xiamen ou Pékin. Cela nous apprend beaucoup sur la façon dont les Européens percevaient et documentaient la Chine alors. » Une première exposition avait été consacrée en 2016-2017 aux photographies hongkongaises de Bozóky, mettant en lumière l’ampleur des transformations du territoire depuis un siècle, et suscitant déjà l’intérêt du public. Les passionnés d’histoire de Hong Kong seront d’ailleurs heureux d’apprendre que celle-ci est à nouveau visible actuellement, et jusqu’au 31 décembre 2020, sous la forme d’une visite virtuelle à partir du site web de l’UMAG.
Les couleurs du Congo
La prochaine grande exposition, prévue pour cet hiver, n’est pas sans lien avec la francophonie puisqu’elle sera consacrée à la peinture du Congo belge telle qu’elle s’est développée entre les années 1920 et 1960 : « Colours of Congo: Patterns, Symbols and Narratives ». Près d’une centaine de tableaux seront ainsi présentés, issus de collections privées et de musées, notamment l’Africa Museum de Tervueren en Belgique. L’occasion de faire connaître des artistes comme Albert Lubaki, Djilatendo ou Manpinda, qui ont associé traditions picturales locales et techniques européennes. Il sera également question des artistes et pédagogues belges et français qui ont promu ces créateurs et les ont exposés en Europe. L’Alliance Française est à nouveau associée au projet puisque des projections de films consacrés à l’Afrique francophone, de Pépé le Moko à Aya de Yopougon, seront organisées.
Si Florian Knothe ne se rend plus que très rarement à Paris, il est toujours intéressé par la France, les chinoiseries et les va-et-vient culturels. Il nous dit s’être délecté de la lecture du catalogue – récemment paru – du mobilier Renaissance conservé au Louvre. Et si on l’interroge sur ses projets futurs, il n’exclut pas la possibilité d’une nouvelle exposition sur les chinoiseries, peut-être avec le Musée Cernuschi, même si rien de concret n’est prévu pour l’instant. « J’espère pouvoir organiser une exposition en rapport avec la France à nouveau, même si ce n’est pas possible chaque année. J’essaie de faire quelque chose avec le Château de Versailles. Il s’agit d’un projet de long terme, mais j’aimerais pouvoir faire venir un jour une partie des collections royales à Hong Kong. » Florian Knothe conclut en souriant :
« En tous cas, les classes de l’Alliance Française seront toujours les bienvenues ! »
CHINOISERIE
La « chinoiserie » désigne l’interprétation et l’imitation de motifs d’Asie orientale dans l’art occidental, notamment aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Un exemple de « chinoiserie » : La Danse, 1758-1760
Cette œuvre fait partie de la « Seconde tenture chinoise », une série de six tapisseries créées par la Manufacture royale de Beauvais à partir d’esquisses du peintre François Boucher (1703-1770). Commandées par Louis XV, certaines furent présentées à l’empereur Qianlong. Cf. https://www.hku.hk/press/news_detail_16046.html
Tapisserie en laine et soie
342 (H) x 510 (L) cm
Collection privée, Paris
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香港大學美術博物館創立於1953年,與香港法國文化協會剛好同年成立,亦是香港現存最古老的博物館。博物館免費開放,每年舉辦約十場專題展覽;2019年曾為法國五月藝術節舉辦攝影師維利.羅尼(Willy Ronis)專題展覽。《東西譚》今期採訪館長羅諾德(Florian Knothe)。出生於德國漢堡的羅館長是美術歷史學家,而且是個法國迷。
他自2013年起住在香港,之前曾先後在大都會藝術博物館(The Metropolitan Museum of Art )及康寧玻璃博物館(Corning Museum of Glass)工作。羅館長本身是 17 及 18 世紀法國裝飾藝術史方面的專家。他對文化交流及兩地相互文化影響深感興趣,例如中國元素曾為歐洲帶來藝術靈感(即著名的「中國風情」,法/英文「Chinoiserie」,見圖框);而歐洲亦對中國有影響力(以西方板畫或素描形式繪畫中國的物體)。他的研究重點還有材料及技術史。在他的主導下,香港大學美術博物館曾數度舉辦與法國相關的展覽。除了維利.羅尼外,還有畢加索陶瓷作品展(2014年)、18世紀博韋掛毯展(包括部分《第二期中國掛氈》作品,見圖框)(2017年)、René Burri 攝影作品展(2013年)及 de Sèvres 瓷器展(2015年);最後兩項為與法國五月的合作項目。2016年,時任法國駐港澳總領事栢海川(Eric Berti)先生為羅館長頒授學術界棕櫚騎士徽章(Ordre des Palmes académiques)。
巴黎各大博物館的常客
羅諾德早年就已經情迷於法國藝術。他年輕時在英國考取家具保養執照,曾藉伊拉斯謨交流計劃到巴黎的Boulle大學院(l’École Boulle)學習一個學期。於是他經常前往羅浮宮及巴黎裝飾藝術博物館(起初關館整修,後來重開)觀賞裝飾藝術收藏品。「我完全沉浸於法國藝術之中……自此法國裝飾藝術成為我的主要研究主題:首先是家具、然後是陶瓷、掛毯……」他攻讀藝術史碩士學位時主力研究18 世紀的巴黎,特別是繪畫及室內裝飾。之後他決定將論文定焦於路易十四時期的戈布蘭(Gobelins)皇家掛毯工廠。他憶述道:「更確切地說,是工廠最初的十年,當時會生產任何東西,不只是掛毯。」在他生活於巴黎的兩年間,前往法國國家圖書館翻查檔案是他每日的例行公事。「我的法語還算不錯。」羅館長笑言。
• Sans titre, (« Femmes, Oiseaux et Antilope »)
Signé « A. KIPINDE », v. 1950
Huile sur papier, 46 x 56,5 cm
Collection Pierre Loos
Photo : Michael De Plaen, Bruxelles
論文答辯過後,他先在大都會博物館工作,然後在紐約州的康寧博物館工作。後來他開始對玻璃工序以至玻璃的材料和技術感興趣,甚至會着手於化學分析。物件生產過程中各種元素之間的交互作用亦引起他的注意:工匠、工作坊、行會(戈布蘭工廠正是藝術家與工匠交集的成果)。他認為,相比着眼於圖像學的傳統藝術史,這種科技與社會交匯的方式更容易擦出火花。在港大美術館亦一樣,他的研究還涉及跨文化層面:歐洲多國的玻璃工藝都受到中國風情的影響,而歐洲對中國玻璃工藝亦同樣有技術方面的影響。
抵達香港後,羅諾德對紡織品及陶瓷產生興趣(兩者的生產程序與玻璃製品多少有相似之處)。但他承認無法花太多時間研究,因為教學與經營博物館本身已幾乎完全佔用他的時間。
青銅與電影
除了常設的中國藏品(青銅器、書法、陶瓷、繪畫)之外,攝影是港大美術館的得意強項,因為每年至少都有一場專題攝影展。羅諾德解釋道:「香港人非常喜歡攝影。」攝影熱潮更令最近兩個非常受歡迎的展覽延長展期。第一個是與法國國立網球場現代美術館(Galerie nationale du Jeu de Paume)及巴黎攝影檔案館合作的維利.羅尼展覽。羅諾德更從中擔當聯合策展人:「我對展品所能令人領會的知識感到非常新奇﹕將人們的注意力吸引到所使用的科技上;攝影當時始終只是處於起步階段;羅尼利用特別的攝影方式來塑造巴黎的某種形象。此外還有相片所流露的各種氣氛及情感。」法國文化協會亦有學員小組借這次展覽學習。他們必須各選一張相片並試行描述,再探討相片所散發出來的情感。羅諾德認為這種體驗非常有趣而且能激發學員。
另一個攝影展是來自布達佩斯的珍藏(這場展覽不幸成為疫症的受害者。展覽的最後幾週適逢二月初冠狀病毒爆發,港大美術館被迫閉館)。這些由匈牙利人 Dezs Bozóky(1871-1957)於1908年和1909年在中國拍下的相片,有部分已經被遺忘,展出的作品都是由羅諾德本人重新發掘出來。Dezsö Bozóky 是奧匈帝國的海軍軍官兼醫生,在香港駐紮兩年半的期間,他由廣州旅遊至長城,以普通「遊客」身分沿中國的海岸遊歷,拍下大量相片。這些作品均使用了一種特別的技巧,無論是以美學或是歷史的角度(晚清年間的攝影紀錄很少)都令人著迷。相片實際上是黑白圖像,印在8乘8厘米玻璃板上,並以手工繪製(繪製者可能並非作者本人)。相片既細小又脆弱,所以無法運出匈牙利。幸而借助數碼科技,它們得以高清化,並傳送到千里之外。羅諾德解釋道﹕「在1911年辛亥革命前夕,中國正處於變革之中,小規模叛亂越來越多。然而 Dezsö Bozóky 既未評論,亦未拍攝這些政治事件。他對中國只有好奇,而且讚譽有嘉!」這位匈牙利醫生的確留下許多手寫筆記,而在展覽目錄裏亦有刊載。羅館長講述﹕「他見識到許多地方,又評論了許多地方,有些在廣州、廈門、北京的地方直到今日仍然是熱門的目的地。作品詳細告訴了我們歐洲人當時是如何記錄及看待中國。」這次是Bozóky的作品第二次在港大美術館登場。在2016年至2017年,他的香港相片首次展出(展覽特別強調香港領土在一個世紀裏的變遷),而且是專題展。今次展覽同樣得到匈牙利駐港領事館及布達佩斯東亞藝術博物館的支持,並再次引起大眾的興趣。
色彩繽紛的剛果
下一個大型展覽預定於今年冬季舉行,並且是與法語國家有關的,這題為「剛果色彩,圖案,符號和描述」介紹比屬剛果自1920年代至1960年代之間的繪畫發展。屆時將會展出近百幅由私人和博物館珍藏的畫作,尤其是比利時特爾維倫的非洲博物館。這是一次認識Albert Lubaki,Djilatendo 或 Manpinda 等藝術家的良機。他們的畫作結合了當地傳統繪畫風格和歐洲繪畫技巧。香港法國文化協會再次與香港大學美術博物館合作,將放映多部非洲法語國家的電影,如《Pépé le Moko》或《Aya de Yopougon》等。
即使館長現在很少去巴黎,但他對法國、中國風情、文化往來的興趣從來未減。他告訴我們,最近出版的盧浮宮中文藝復興時期家具目錄,他看得很愉快。問到他未來有何計劃,他說可能會與賽奴奇亞洲博物館(Musée Cernuschi)合辦有關中國風情系列的新展覽亦說不定,儘管目前未有具體計劃。他說﹕「我希望能夠再籌辦一次與法國有關的展覽,即使不是每年都可能成功。我正在籌備與凡爾賽宮有關的項目,是個長期項目,但我希望終有一日能將一些皇家收藏品帶到香港。」羅館長邊笑邊總結道:「無論如何,我們隨時歡迎法國文化協會光臨!」
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