French may 2021 法國五月藝術節

Texte : Frank Vigneron

 
  Une exposition surréaliste à Hong Kong
超現實主義展覽即將到港
 
 


Salvador Dalí, Guillaume Tell, 1930, huile et collage sur toile, 113 x 87 cm © Centre Pompidou

Preuve tangible de l’extraordinaire importance de ce mouvement, l’expression « c’est surréaliste », indiquant que quelque chose ou une situation quelconque est absurde ou même parfois inacceptable, est entrée dans le langage commun depuis déjà longtemps.

On pourrait s’étendre à l’infini sur ce que le surréalisme en tant que pratique a apporté à tant d’aspects de la culture en général, y compris de la culture « populaire », au point qu’une dizaine de volumes n’y suffiraient pas pour en expliquer l’étendue. On pourrait même dire que c’est le surréalisme et son influence presque universelle qui a permis à la psychanalyse de survivre comme méthode curative. De même, Freud est resté une figure majeure dans les études théoriques sur l’art, une position qui lui a été conférée par l’extraordinaire prépondérance du surréalisme dans l’histoire de l’art du XXe siècle.

Le surréalisme en tant que mouvement artistique a eu tant d’influence sur la haute culture littéraire et artistique de l’Occident qu’il est impossible de concevoir l’histoire du modernisme sans donner à Freud, et à ce qu’André Breton a fait de ses théories dans ses manifestes du surréalisme, la part du lion. Car c’est bien à Breton que cette influence est en définitive due. Le « pape du surréalisme » a dominé la scène artistique française pratiquement jusqu’à sa mort en 1966. Il est vrai qu’à ce moment, les tendances artistiques en France commençaient à prendre des directions formelles et théoriques fort différentes. Mais il est possible de soutenir que même dans ce qu’on peut appeler l’art pop, ou un peu plus tard l’art conceptuel, qui commençaient à aussi s’imposer en France au temps de son décès, certaines attitudes et même techniques proposées par les surréalistes dans les années 1920 continuaient à éveiller un profond intérêt.

Il est aussi possible de montrer que le surréalisme a eu beaucoup d’importance dans le reste du monde et assez rapidement. En ce qui concerne l’art moderniste des années 50 aux États-Unis par exemple, l’importance de la peinture abstraite chez les surréalistes et leur intérêt pour l’art « primitif » ont certainement permis en partie les expériences des expressionnistes abstraits et de Jackson Pollock en particulier, bien qu’il ne se soit jamais vraiment exprimé sur ce sujet. Son intérêt pour les dessins faits avec des sables de couleurs différentes sur le sol par les Amérindiens, ainsi que sa constante pratique de l’accident, n’auraient guère été possibles sans les précédents établis par les surréalistes. La présence d’André Breton aux États-Unis pendant la guerre, et d’artistes comme Max Ernst ou Yves Tanguy, ont ainsi eu un impact bien plus fort sur les expressionnistes abstraits que ce que l’histoire de l’art s’est plu à narrer. De fait, les critiques d’art de l’époque, et en particulier Clement Greenberg, avaient tant envie de créer un discours insistant sur la nature américaine de cet art que toute référence à des sources étrangères furent bien souvent effacées. Mais là aussi, on pourrait s’étendre sans fin sur l’influence du surréalisme.

Il est donc merveilleux (voilà un mot bien surréaliste) que le Museum of Art de Hong Kong puisse nous régaler cette année d’une exposition d’œuvres de ce mouvement. Un petit bol d’air frais qui j’espère pourra nous consoler un peu des années pénibles que nous sommes en train de vivre. Organisée en collaboration avec le Centre Pompidou, elle permettra de voir une intéressante sélection d’œuvres d’art, mais aussi de photographies et de films, qui donnera un aperçu assez complet de ce que fut le surréalisme dans le milieu du XXe siècle.

S’étendant du plus connu (les peintures et sculptures de Salvador Dalí, Max Ernst, Victor Brauner, Joan Miró, René Magritte et d’André Masson) à des œuvres d’artistes un peu moins célèbres (comme Kay Sage ou Judith Reigl), cette exposition comporte aussi d’autres images et objets du plus haut intérêt. L’art « primitif », ou « premier », y est par exemple admirablement représenté avec quelques objets africains dont André Breton avait d’ailleurs une célèbre collection. Dans toutes ces œuvres, on en compte aussi quelques-unes d’artistes qui pourraient sans doute être considérés comme des compagnons de route plus que comme des adhérents inconditionnels. En effet, leur affiliation au surréalisme s’est heurtée à l’atmosphère de club privé créée par André Breton, qui pouvait souvent se comporter en véritable tyran pour ses membres. Si l’œuvre de Giorgio de Chirico a d’inévitables relents surréalistes, c’est à son propre concept de peinture métaphysique qu’il est sans doute préférable de l’associer. Mais cela n’a pas empêché Breton de l’intégrer pratiquement de force dans son mouvement. Quant à Picasso, si son intérêt pour les idées de Breton fut réel (sa plus célèbre contribution fut la couverture de la plus belle revue publiée par Breton, Minotaure, dont l’exposition montrera quelques exemplaires), il demeure difficile de le voir comme un simple représentant de ce mouvement.

L’une des choses qui m’ont le plus attiré dans cette exposition est le fait que des photographies puissent donner un aperçu du contexte dans lequel ce mouvement s’est développé : le Paris des années 20 et 30. Américains, Hongrois, Français, Espagnols, Allemands, Italiens, le surréalisme est aussi l’un des premiers mouvements véritablement internationaux, même si les activités du groupe se sont principalement déroulées à Paris à ses débuts. Les photos de Brassaï, Jacques-André Boiffard, Gisèle Freund, Germaine Krull et André Kertész sont de magnifiques aperçus des rues d’un Paris qui semble bien lointain de nos jours, presque vide et plein de façades qui semblent tout droit sorties des films du réalisme magique, films d’ailleurs profondément influencés par Jacques Prévert, lui-même compagnon de route du surréalisme. De même, bien que Le Chien Andalou, le célèbre film de Luis Buñuel et Salvador Dalí dans lequel un œil est coupé par un rasoir, ne fasse pas partie de l’exposition (sans doute à cause de l’œil coupé d’ailleurs), L’Âge d’Or, leur second film, le sera. Plein de références visuelles aux peintures que Dalí fera vers la même période (tâchez de trouver la girafe en flammes), ce film est aussi plein de critiques adressées à la religion catholique et de références à la sexualité que Le Chien Andalou.

En ce qui concerne les « déviances sexuelles », le moteur même des théories freudiennes, elles auront aussi une place importante dans cette exposition. Si le marquis de Sade fait partie de l’influence réclamée par Buñuel et Dalí dans L’Âge d’Or, elles se trouveront aussi dans les extraordinaires poupées de Hans Bellmer. Il s’y trouve aussi un dessin de Pierre Klossowski, lui aussi auteur célèbre pour ses contes érotiques, un choix intéressant au vu de la présence de cette exposition dans une ville chinoise. En effet, Pierre Klossowski est aussi le traducteur de La chair comme tapis de prière (Rouputuan 肉蒲團) par Li Yu 李漁 (1610-1680), un livre d’une rare obscénité qui fut publié en France en 1979 par Jean-Jacques Pauvert, éditeur des œuvres complètes du marquis de Sade. Puisqu’il est question de Chine, on conclura ce court article en notant qu’il n’y eut guère qu’un seul artiste chinois à s’intéresser assez suffisamment au surréalisme dans les années 1930 pour essayer de le faire connaître en Chine. C’est au Japon, où il étudia comme beaucoup d’artistes modernistes chinois, que le peintre cantonais Zhao Shou 趙獸 (1910-2003) y fut initié. Mais peu d’autres artistes prirent cette voie en Chine, un fait qui s’explique plus par les désastres de la guerre qui éclata que par une quelconque incompatibilité culturelle. De nos jours, les merveilleuses bizarreries introduites dans les arts visuels par le surréalisme sont tout autant susceptibles d’apparaître dans l’art contemporain chinois que partout ailleurs.

  不知多少年前開始,我們會用「超現實」來形容某事物或情況荒謬絕倫或者難以接受。這種表達早已深入日常語彙,足見超現實主義文化運動的驚人影響力。

如果要繼續探討超現實主義在實際上如何滲透整個文化的多個層面,包括「流行」文化,可能用十本書的篇幅都寫不完。我們甚至可以講,正是超現實主義以及其幾乎無處不在的影響力,才令精神分析這種治療法得以流傳後世。同樣,弗洛伊德至今仍然是藝術理論研究裏的重要人物。他能享有如此超然地位,亦是拜超現實主義對二十世紀藝術史裡鋪天蓋地的影響力所賜。

以藝術運動而論,超現實主義對西方高級文學文化及藝術文化產生巨大影響,以至於如果跳過弗洛伊德,現代主義的歷史就會變得支離破碎;而安德烈.布勒東(André Breton)亦憑藉其超現實主義宣言裏的深刻理論,嚴然成為超現實主義的開山鼻祖。對布勒東來說,如此地位可謂實至名歸。這位「超現實主義宗師」直到 1966 年去世為止,幾乎一直手執法國藝術界牛耳。的而且確,當時法國的藝術潮流,在形式與理論上都開始另闢蹊徑。大致上而言,雖然在布勒東去世後,所謂的流行藝術以至稍後的概念藝術開始在法國興盛,但超現實派早在1920 年代提出的某些觀點甚至技巧,直至當時仍然能引起大家濃厚的興趣。

而且超現實主義的影響力,當時在全球其他地方亦飛快蔓延。例如,對於美國 1950 年代的現代主義藝術而言,超現實派對抽象畫的重視以及他們對「原始」藝術的興趣,無疑多少造就了抽象表現派的發展,特別是 Jackson Pollock(儘管他本人從未真正提及過)。儘管 Jackson Pollock 不斷練習「意外畫法」,但如果無超現實派開創的先河,他幾乎不可能會對印第安人的彩色沙畫感興趣。戰爭期間,安德烈.布勒東以及 Max Ernst、Yves Tanguy 等藝術家在美國對抽象表現派的影響力要比藝術史所經常描述的大得多。事實上,當今的藝術評論家(特別是 Clement Greenberg)總會熱切談論抽象表現派藝術所蘊含的美國特質,以至大家經常忽略其他國家的影響因素。就像在這裡,我們亦可以無止境地討論超現實主義的影響力一樣。


Zhao Shou, Couleur, 1934, huile sur toile, 92 x 78 cm,
© Guangzhou Art Museum

正好今年香港藝術博物館將舉辦一場超現實主義展覽,給我們親眼見識這場文化運動造就出來的奇妙(「奇妙」一詞亦甚具超現實氣息)作品。大家不妨就當是呼吸一口新鮮空氣,暫時忘卻近年的愁雲慘霧。這場展覽是與龐比杜中心合辦,細心挑選了精采的藝術品、相片及電影供大家欣賞,務求儘量概括二十世紀中葉時候,超現實主義的全貌。

除了著名的畫作及雕塑(Salvador Dalí、Max Ernst、Victor Brauner、Joan Miró、René Magritte、André Masson的作品)外,還有較少為人熟悉的藝術家(例如Kay Sage、Judit Reigl)的作品,以及其他非常有趣的圖像及物件,例如,在「原始」或「早期」藝術方面,安德烈.布勒東的著名非洲收藏品,相信定會令藝術迷讚嘆不已。而在所有這類作品之中,亦有一些是屬於不完全的超現實派。這些藝術家毫無疑問只是剛巧與超現實派的路線交織,並非無條件的追隨者。他們當時與超現實派事實上只是若即若離,與安德烈.布勒東所創立的私人俱樂部格格不入(布勒東本人經常用暴君般的態度對待成員)。如果說 Giorgio de Chirico 的作品是入型入格的超現實派,那麼最好的解釋,毫無疑問是他本人有清晰的形而上繪畫概念。然而布勒東還是強迫他參加自己所發起的超現實主義運動。至於畢加索,哪怕我們假設他對布勒東的思想真的有興趣(他最著名的功績,是為布勒東旗下的絕美雜誌《Minotaure》畫封面,今次展覽將展出其中幾本),我們仍然難以直接視他為這場運動的一員代表。

今次展覽最能吸引我的一點,是可以從相片窺見這場運動興起的背景:1920年代及1930年代的巴黎。參與超現實主義的有美國人、匈牙利人、法國人、西班牙人、德國人、意大利人,所以亦真正稱得上是最早期的國際運動之一,然而這次運動初期主要是在巴黎燃燒。在Brassaï、Jacques-André Boiffard、Gisèle Freund、Germaine Krull、André Kertész的相片裏,我們瞥見遙不可及的昔日巴黎,街道幾乎完全空蕩;建築外牆全都彷似來自魔法一樣的現實主義電影,而且是深受Jacques Prévert 影響的電影(他本人正好是超現實主義的旅遊佳伴)。同樣,雖然《安達魯之犬》(Un Chien Andalou)是Luis Buñuel 與Salvador Dalí 的著名電影作品(片中的男主角幻想自己的眼球被剃刀橫切開),但並不屬展覽內容(可能正是因為眼球被割開……);而他們的第二部作品《黃金時代》(L’Âge d’Or)則會參覽。這部作品裏會出現多幅Dalí在同時期的畫作(觀眾可嘗試找出火燒的長頸鹿)。電影充滿對天主教的批判,並像《安達魯之犬》裡刻畫對性的追求一樣。


Max Ernst, Chimère, 1928, huile sur toile, 114 x 145,8 cm © Centre Pompidou

「性偏差行為」是弗洛伊德理論的核心,亦是本次展覽的重點之一。如果說薩德侯爵(Marquis de Sade)是Buñuel 與Dalí 在《黃金時代》所宣稱對他們的影響力之一,那麼在Hans Bellmer 的木製人偶中亦會發現性偏差行為的影響力。展品之中亦有一幅Pierre Klossowski 的畫,這位畫家同時亦是作家,他筆下情慾故事亦廣為人知。考慮到今次展覽在華人城市舉辦,選擇他的畫作來參展亦甚具玩味。事實上,Pierre Klossowski 還是李漁(1610-1680)小說《肉蒲團》的譯者,這本內容異常淫穢的書,是在1979 年由Jean-Jacques Pauvert於法國出版,而Jean-Jacques Pauvert 亦是薩德侯爵全集的編輯。既然提到中國,這裡順便告訴大家:1930 年代的中國藝術家之中,只有一位對超現實主義產生興趣,並將其帶入中國:廣東畫家趙獸(1910-2003)。他當時與許多中國現代派藝術家一樣在日本學畫,並見識到超現實主義。然而當時中國的藝術家始終很少走上這條路,原因主要是當時戰亂頻繁,而非文化上不兼容。如今,大眾早已習慣超現實的奇妙怪誕事物走進視覺藝術的世界,不論是在地球哪個角落,因此在當代中國藝術中,自然不難找到走現實的痕跡。

 
 

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