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Directrice du French May de 2007 à 2011, Joanne Chan est aujourd’hui consultante culturelle et auteure de livres destinés à faire découvrir la musique classique aux enfants. Pour Paroles, elle est revenue sur les grands moments de son mandat à la tête du festival, son parcours, ainsi que son effort continu de promotion de la culture française à Hong Kong.
C’est en fréquentant une école primaire catholique que Joanne Chan entend parler de la France pour la première fois. Adolescente, elle commence à apprendre le français à l’Alliance Française de Hong Kong, puis effectue ses études secondaires et universitaires au Canada. Une fois diplômée, elle part pour Paris où elle suit à la fois des cours de langue et d’art. « J’ai peint des nus toute l’année », nous raconte Joanne Chan. Hébergée par une famille d’accueil dans le 15e arrondissement, elle emprunte tous les jours le RER C à Champ de Mars-Tour Eiffel pour se rendre à Saint-Michel-Notre-Dame. « La France, c’est très bien fait pour les jeunes », nous explique-t-elle. « Surtout pour les 18-25 ans. J’avais pris une carte de cinéma illimitée à l’année. La première fois, j’ai vu trois films à la suite ! Comme j’étudiais dans une école d’art, je pouvais visiter les musées gratuitement. Le train aussi était moins cher ! Je me souviens d’avoir beaucoup aimé le film L’Auberge espagnole. Il porte sur l’échange Erasmus et cela me faisait penser à ma propre expérience. »
Louis Vuitton et Picasso
Revenue à Hong Kong, elle travaille à partir de 2005 au Consulat français, au sein de la mission économique. Jusqu’au jour où le Consul général Jean-Pierre Thébault lui propose de prendre la direction du French May. Elle commence alors par effectuer un important travail d’archivage : « J’ai compilé toute la documentation sur les divers événements que le French May avait déjà organisés. Cela m’a permis de préparer un dossier pour participer au “Gold Award for Arts Promotion” du Hong Kong Arts Development Council en 2008, un prix que le French May a remporté. »
« Ce n’était pas facile d’organiser des événements », se souvient Joanne Chan. « Y compris lorsqu’il s’agissait de tout petits événements, parce qu’il est plus difficile de chercher des fonds dans ce cas. Les grandes expositions ont parfois constitué une véritable affaire diplomatique, avec des négociations en plusieurs étapes. L’exposition de la Fondation Louis-Vuitton en 2009, par exemple, c’était très compliqué, parce que nous organisions pour la première fois l’exposition d’une marque, alors que les musées exigent que les objets exposés ne puissent pas être vendus sur une période de dix ans. Finalement, l'exposition a été inaugurée en grande pompe et l'extérieur du musée d'art a été “emballé” par Richard Prince. Je me souviens que pour le vernissage, il y avait tellement de monde qu’on a dû fermer la porte, et que même les VIP ne pouvaient pas entrer. Bernard Arnault est venu avec son fils, ainsi que l’architecte Frank Gehry. Cette exposition a fait venir des gens qui n’allaient jamais au musée : beaucoup m’ont appelée en me demandant où se trouvait le Musée d’Art de Hong Kong, alors qu’il se trouvait à Tsim Sha Tsui depuis déjà une vingtaine d’années ! »
L’exposition Picasso de 2012 a aussi été un moment important :
« Il y avait eu un débat entre nous comme Picasso n’est pas français... À l’époque, l’architecte Jean-François Bodin travaillait sur le design d’un musée privé de Hong Kong consacré à la musique. Or, il était aussi en train de rénover le Musée Picasso, et lors de mon passage à Paris, il m’a demandé si une exposition Picasso pourrait intéresser Hong Kong. Comme nous allions fêter le 20e anniversaire du French May, j’ai dit que j’allais faire tout mon possible pour que cela puisse se concrétiser. Là aussi, c’était un processus très long : finalement l’exposition a eu lieu à Shatin et non au Musée d’Art de Kowloon. Mais ça a été un grand succès. »
« Et tout cela fait le French May »
Dix ans après la fin de son mandat, elle évoque l’approche qui a été la sienne : « Chacun a apporté sa pierre au French May. Quand je suis devenue directrice, j’ai voulu travailler à nouveau avec les compagnies d’art hongkongaises. Pour moi ce festival est un échange entre deux cultures, il faut donc qu’il y ait une interaction entre Hong Kong et la France. De plus, nous dépendons beaucoup des Hongkongais pour le bouche-à-oreille. Durant ma première année, j’ai collaboré avec le Hong Kong Repertory Theatre qui a présenté la pièce Art de Yasmina Reza en cantonais. » Joanne Chan fait également venir en 2011 le pianiste Geoffroy Couteau, spécialiste du répertoire de Brahms, pour un concert destiné aux jeunes défavorisés à Yuen Long, loin des grands lieux culturels habituels. « Pour moi il était important de mélanger les grands noms comme le Ballet Preljocaj ou l’Opéra de Paris avec de très petits évènements et des choses moins “mainstream”. J’ai eu mes propres idées, mes successeurs ont les leurs et ont travaillé sur des projets différents. Et tout cela fait le French May maintenant. En ce moment, il y a un festival consacré à un pays précis presque chaque mois à Hong Kong : c’est parce que le French May les a inspirés. Et surtout, le French May est un festival soutenu par les Hongkongais. Parce que la majorité des financements viennent de Hong Kong. »
Joanne Chan nous dit avoir beaucoup appris de ses années au French May : « Toutes ces expériences influencent encore mon travail actuel de consultante. J’ai beaucoup aimé rencontrer mes homologues des pays francophones, d’Afrique par exemple. J’ai appris de nombreuses choses à côté desquelles je serais passée si je ne parlais que chinois ou anglais. ». Elle a depuis poursuivi son travail en lien avec la culture française : après avoir conduit pendant un an une émission de radio en français sur RTHK, elle a récemment présenté un autre programme, cette fois-ci en cantonais, intitulé « Vive la musique française ». Après la naissance de son fils Gabriel, elle s’est lancée dans la publication de livres pour enfants : la série des Happy Gabby, dont les deux derniers titres portent sur le Carnaval des animaux de Saint-Saëns.
Nommée l’an dernier Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres, Joanne Chan n’en a pas fini avec le French May puisque son spectacle « Happy Gabby's Debussy Musical Adventure » organisé avec l’orchestre philharmonique de Hong Kong, aura lieu le 15 mai dans le cadre de l’édition 2021 du festival. Une idée inspirée par son dernier voyage en France, au cours duquel elle avait pu voir la maison natale de Claude Debussy à Saint-Germain-en-Laye.
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陳祖泳(Joanne Chan)曾於2007年至2011年擔任法國五月藝術節的發展總監;而現職是文化顧問及古典音樂題材的兒童書籍作者。Joanne應《東西譚》邀請,分享她擔任藝術節總監任內經歷過的大事件、她的事業歷程以及多年來為香港推廣法國文化的點滴。
Joanne第一次聽聞法國,是在讀天主教小學的時候。到她十歲出頭,就開始在香港法國文化協會學法語,之後遠赴加拿大讀中學及大學。畢業之後,她前往巴黎參加語言及藝術課程。Joanne憶述:「當時一年四季都在畫裸體畫。」她住在第十五區的寄宿家庭,每日乘坐鐵路RER C線,由戰神廣場-艾菲爾鐵塔(Champ de Mars-Tour Eiffel )出發至聖米歇爾-巴黎聖母院(Saint-Michel-Notre-Dame)。她形容:
「法國給年青人的福利非常好,特別是18至25歲的青年。我取得全年無限入場電影卡後,第一次就連續看了三套電視!就像在藝術學校讀書時,學生可免費參觀博物館,而且搭火車又便宜!我記得自己特別喜歡《西班牙公寓》(L’Auberge espagnole)這套電影,劇情與伊拉斯謨交流計劃(Erasmus Exchange Programme)有關,所以令我想起自己的經歷。」
Louis Vuitton與Picasso
返回香港後,Joanne由2005年起在法國領事館從事經濟有關的工作,直至某日,總領事Jean-Pierre Thébault提議她接任成為法國五月的總監。她上任後,第一件任務就是重要的歸檔工作:「我要整理法國五月舉辦過的各項活動的全部有關文件。完成歸檔後,我就製作了一份檔案,用來參加2008年香港藝術發展局的「藝術推廣獎」,而法國五月藝術節亦順利奪得金獎。」
Joanne 繼續憶述:「即使是非常小規模的活動,籌辦起來亦非易事,因為小型活動在籌集資金上會較困難。而大型展覽的準備工作有時候會變成真正的外交事務,磋商工作亦分成多個階段。以2009年路易威登基金會的展覽為例,由於是我們第一次籌辦品牌展覽,所以準備工夫非常複雜,而博物館又要求展品不可在十年內出售。最終,展覽大張旗鼓地開幕,更 Richard Prince 美術館的外貌重新「包裝」。我記得展覽開幕時人潮汹湧,我們不得不關門控制人數,連VIP都要吃閉門羮,但參觀者不乏Bernard Arnault父子還有建築師 Frank Gehry
等名人。展覽吸引到很多從未去過博物館的人。不少人問我香港藝術館的位置,然而它當時已經屹立香港二十多年!」
2012年的畢加索展覽亦是重大盛事:「我們中間還有過一次辯論,因為畢加索並非法國人……當時,建築師 Jean-François Bodin 正在設計一個香港的私人音樂博物館。但他同時又正準備翻新畢加索博物館;當時我人在巴黎,他問我畢加索的展覽會否吸引到香港人。我說可以,正好我們正要慶祝法國五月藝術節二十週年,我定會盡一切努力使之實現。籌備工作依然相當漫長;最後展覽在沙田舉行,並非選址九龍的藝術館,但是反應極之轟動。」
「法國五月的成功背後」
Joanne離任至今剛好十年,她講述當時所採取的管理方針:「法國五月能有今日的聲譽,大家的努力都不可多得。當我上任後,我的想法是再與香港的藝術公司合作,因為我認為,這場節慶是兩種文化的交滙,所以香港與法國必須要有互動。此外,我們主要是靠香港人自己的口碑宣傳法國五月。在我就任的第一年,我與香港話劇團合作,辦舉粵語版的 Yasmina Reza 舞台劇《Art》。」Joanne 還在2011年邀請到布拉姆斯的專家——鋼琴家Geoffroy Couteau來港演出;這場音樂會是專門為元朗區的貧窮年輕人而設,因此表演場地並非大型文化場所。Joanne 解釋:「我覺得除了要有Preljocaj 芭蕾舞團、巴黎歌劇團之類的知名組織外,亦不能忽略小活動以及「非主流」的事物。我有自己的想法,我的繼任人亦會有各自的想法,而他們辦活動的經驗又與我的不同。法國五月之所以成為今日的模樣,原因就在於多元化。現時,香港已出現一個每月個都會挑選一個國家作主題的節慶,其靈感就是來自法國五月。另外,法國五月亦算得上深得香港人支持的藝術節,因為資金大部分來自香港。」
Joanne Chan 告訴我們,她在帶領法國五月的年月間獲益良多:「種種經歷仍然對我目前的顧問工作有深刻影響。能夠遇到法語國家(例如非洲)的同行,令我感到非常雀躍。假如我只懂得中文或英文,就會錯過很多很多精采的事物。」Joanne 離任法國五月總監之後,繼續有從事與法國文化相關工作。她曾在香港電台主持過一年的法語廣播節目,近期則主持另一個廣東話節目,名為「Vive la musique classique française」。她生下兒子Gabriel後就著手出版兒童書《小不點》(Happy Gabby)系列;最新兩冊的內容是關於音樂家聖桑(Saint-Saëns)的《動物狂歡節》。
Joanne去年獲頒授法國藝術及騎士文學勳章。而她與法國五月的緣分仍然繼續,因為她與香港管弦樂團合辦的《小不點的德布西音樂探險》(Happy Gabby's Debussy Musical Adventure)音樂會,將於2021年5月15日的法國五月藝術節期間上演。音樂會的靈感源自她上一段法國之旅;行程之一的Saint-Germain-en-Laye,正是克勞德.德布西的出生地。 |
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