French May 2022 法國五月藝術節

Texte : Marie-Laure de Rochebrune
Photos 照片: © Château de Versailles, Dist. RMN © Christophe Fouin

 
  La Chine et Versailles (1670–1789) : Diplomatie, fascination et influences
中國與凡爾賽宮1670–1789——外交、魅力與影響
 
 

En 2014, se tint au château de Versailles une exposition intitulée « La Chine à Versailles / Art et diplomatie au XVIIIe siècle » dont j’eus la chance d’être le commissaire. L’exposition, comme le catalogue qui l’accompagnait, comportait principalement trois grandes sections, dédiées pour la première à la naissance, à la fin du XVIIe siècle, d’une relation très particulière qui se noua entre l’empereur Kangxi (1661-1722) et Louis XIV (1638-1715), par l’intermédiaire de cinq pères jésuites français, envoyés en Chine par ce dernier. La deuxième partie évoquait la fascination ressentie par la cour de France, comme par les grands amateurs parisiens, pour les productions artistiques de la Chine, importées en Europe par les diverses compagnies des Indes orientales : porcelaines, étoffes, papiers peints, éventails, pierres dures, laques, bronzes, orfèvrerie… Enfin, la troisième section était consacrée à l’influence de ces productions artistiques chinoises sur l’art français du temps dans des domaines aussi variés que la peinture, les arts graphiques, les arts décoratifs, l’architecture ou l’art des jardins.

En 2019, après plusieurs échanges fructueux entre le château de Versailles et le musée du Palais, à Pékin, il fut décidé qu’une version enrichie de cette exposition serait présentée l’année suivante à la Cité interdite. Malheureusement, la pandémie qui se répandit au début de l’année 2020 ne nous permit pas de réaliser cette année-là ce beau projet, acté par le président Xi Jinping et par le président Macron à Pékin, en novembre 2019. Dès que la situation sanitaire le permettra, l’exposition aura lieu à la Cité interdite, dans le très poétique pavillon de la Brillance littéraire, particulièrement approprié à ce sujet puisqu’il fut élevé sous le règne de l’empereur Qianlong (1711-1799), dont il sera abondamment question dans l’exposition. L’exposition de Pékin reprendra très largement les trois sections de l’exposition de Versailles, étoffées à la fois par des œuvres figurant dans les collections de la Cité interdite, notamment des instruments scientifiques fabriqués par les pères jésuites, et par des œuvres d’art chinoises ou dans le goût chinois, acquises depuis 2014 par le château de Versailles.


Fig. 2 : Verseuse, argent rehaussé d’or, Chine, vers 1680, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Le rapprochement diplomatique entre la Chine et la France sous le règne de Louis XIV est peu connu des Français. Il se produisit à une époque où l’intérêt pour le pays de Cathay commençait à se développer en France. Parallèlement, la perception de la Chine par les élites françaises était en train de changer de nature, enrichie par des informations de première main sur l’empire du Milieu, véhiculées par les récits et les descriptions des voyageurs européens qui s’étaient aventurés en Chine : pères jésuites successeurs du célèbre père Ricci, mort à Pékin en 1610, ou commerçants travaillant pour les différentes compagnies des Indes orientales.

Un évènement particulier contribua à ce rapprochement. Ce fut la visite le 15 septembre 1684 d’un jésuite flamand, le père Couplet, qui avait vécu de longues années à Pékin et venait rencontrer Louis XIV (fig. 1), chargé de plusieurs missions. L’une d’entre elles était le recrutement de jeunes jésuites français pour diriger le bureau impérial d’Astronomie, tenu depuis Matteo Ricci par des jésuites européens. Il souhaitait également renforcer le nombre des missionnaires chargés de l’évangélisation de la Chine. Il sollicita enfin du Roi une aide financière pour les missions jésuites de Chine. Le père Couplet était accompagné d’un jeune Chinois, Shen Fuzong, récemment converti au christianisme, qui piqua la curiosité de la cour. Convaincu par les arguments du père Couplet, Louis XIV accéda à ses demandes et finança l’expédition en Chine, de six jésuites français, sous le nom de mathématiciens du Roi. Cinq d’entre eux parvinrent à Pékin en 1688 et réussirent à gagner la confiance de l’empereur grâce à leurs solides connaissances mathématiques et astronomiques. Ils purent ainsi mener à la cour impériale des expériences scientifiques de haut niveau. En 1692, satisfait de leurs travaux, Kangxi accorda en échange un édit de tolérance à l’égard du christianisme qui fut désormais considéré comme une religion officielle, au même titre que le bouddhisme et le taoïsme. Au XVIIIe siècle, la mission jésuite française demeura très active, malgré la querelle des rites et la dissolution de la Compagnie de Jésus. Si elle était toujours soutenue par les souverains français, elle reçut également l’aide de l’un des plus grands sinophiles de ce temps, le ministre Henri Léonard Bertin, qui entretint jusqu’à la fin de sa vie une correspondance très régulière avec les jésuites demeurés en Chine, à la cour de l’empereur Qianlong.


Fig. 3 : Plat circulaire du service de Louis XV, porcelaine, Chine, vers 1730-1740, Versailles.

Dès la seconde moitié du XVIIe siècle, à la cour de France, se développa une véritable fascination pour les produits de la Chine. Celle-ci était apparue ponctuellement dès la première moitié du siècle. Ainsi, le cardinal de Richelieu, le principal ministre du roi Louis XIII, possédait-il plus de quatre cents porcelaines de Chine dans ses collections. Un événement, qui fit sensation à la cour, contribua pour beaucoup à cette fascination. Ce fut la visite à Versailles, en septembre 1686 de trois ambassadeurs du roi du Siam, Phra Naraï, accompagnés d’une suite nombreuse. Les ambassadeurs étaient porteurs de présents en grand nombre pour le Roi et la famille royale, présents d’origine thaïlandaise, chinoise, indienne, japonaise… Les nombreuses pièces chinoises qui figuraient dans les cadeaux du Siam (laques, porcelaines, pierres dures, orfèvrerie…) contribuèrent de manière décisive à attiser l’engouement de la cour pour l’art chinois. Parmi ces cadeaux, figurait une précieuse verseuse en argent, que le château de Versailles a pu acquérir en 2018 (fig. 2) et qui sera bien entendu exposée à Pékin.

Tout au long du XVIIIe siècle, la cour de France comme la famille royale ne cessèrent d’acquérir des œuvres d’art chinoises, désormais importées en France par l’intermédiaire de la Compagnie des Indes orientales française, basée à Lorient. Le roi Louis XV (1710-1774) commanda dès la fin des années 1730 un grand service de table armorié dont le château de Versailles a pu acquérir récemment quelques pièces (fig. 3). Il acquit également de très nombreux vases en porcelaine de Chine à couverte monochrome qui furent dotées à Paris de somptueuses montures en bronze doré, destinées à les magnifier. Ce goût fut partagé à la fin du siècle par Louis XVI et Marie-Antoinette. La famille royale était également très friande de laques chinois et japonais.

Cette fascination pour les produits artistiques de la Chine eut de nombreuses conséquences sur l’art français. Les œuvres chinoises devinrent une source d’inspiration fabuleuse pour les artistes français dans de multiples domaines. Ce goût que nous nommons en France le goût chinois constitua désormais une facette importante d’un goût plus général pour l’exotisme qui culmina au XVIIIe siècle. Des peintres comme Antoine Watteau et François Boucher furent parmi les premiers à chercher leur inspiration dans une Chine rêvée. En 1761, au cœur des appartements intérieurs de la reine à Versailles, un Cabinet des Chinois, composé de toiles peintes par des peintres français, fut aménagé à l’emplacement du cabinet constitué de toiles peintes par la reine Marie Leszczynska elle-même (fig. 4). L’architecture, l’art des jardins, les arts graphiques furent largement touchés par ce mouvement ainsi que les arts décoratifs, notamment la tapisserie, le bronze doré, l’orfèvrerie mais aussi la céramique. Louis XV et Louis XVI furent ainsi particulièrement friands de pièces de porcelaine de la manufacture royale de Sèvres à décor chinois.

Marie-Laure de Rochebrune est Conservateur général au château de Versailles
Ces deux premiers articles sont issus de la série de conférences « Visual Arts Education Programme Talk Series » consacrée à Versailles qui s’est tenue en mai à l’Alliance Française de Hong Kong dans le cadre du French May 2022.
Paroles remercie chaleureusement Sophia Au-Yeung, Visual Arts Manager, French May Arts Festival.



 


Fig.1 : Jean Garnier, Portrait de Louis XIV, huile sur toile, 1670-1672, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

2014 年,凡爾賽宮舉辦了一場名為「中國在凡爾賽,十八世紀的藝術與外交」的展覽,我有幸擔任其策展人。展覽與大會目錄一樣,主要分成三大部份。第一部份介紹十七世紀末的時候,康熙皇帝(1661–1722年)與路易十四(1638–1715年)開展的微妙交流。二人的通訊是以五位來自法國的耶穌會傳教士作橋梁,由傳教士寫信寄往法國。第二部份是法國宮廷以至廣大巴黎藝術迷對中國藝術品(由東印度公司進口至歐洲)的狂熱,包括瓷器、布料、牆紙、扇、硬石、漆器、銅器、金器……第三部份是這些中國藝術品對當時法國藝術的影響,例如繪畫、平面藝術、裝飾藝術、建築、園林藝術等方面。

2019 年,凡爾賽宮與北京故宮博物館經過幾次順利的交流之後,決定以2014 年的展覽為基礎,於次年在紫禁城舉行更盛大的展出。無奈,2020 年初爆發新型冠狀肺炎,以致這項由主席習近平與法國總統馬克龍於2019年11 月在北京拍板的豪華項目,最終無法如期舉行。直至近期,疫情逐漸緩和,展覽終可在富有詩意的故宮文華殿舉行。選址此處的原因是文華殿是乾隆皇帝在位期間(1711 至1799 年)落成,而乾隆正是本次展覽的核心之一。北京的展覽主要會涵蓋凡爾賽宮展覽的三個部分;展品包括紫禁城的收藏品(特別是耶穌會士所製作的科學儀器),以及凡爾賽宮由2014 年起搜購的中國藝術品或中國風作品。

事實上,現今了解路易十四時期中法外交關系的法國人並不多。至於當時中法開始交好的背景,起源是法國人對這個遠東大國的興趣日漸濃厚。此時,不少遠涉中國的歐洲人將豐富的第一手遊歷記述帶回家鄉,其中的耶穌會士(他們的先驅,正是最廣為人熟悉、於1610 年在北京逝世的利瑪竇神父)以及東印度公司貿易商帶來的資訊,令法國精英對中國的印象慢慢改變。

而促成兩地交好的契機,是一次特別事件。1684 年9月15日,生活在北京多年的比利時耶穌會教士柏應理(Couplet)拜訪路易十四(圖1),獲指派幾項任務。其中一項是招募年輕的法國耶穌會士司掌欽天監。由利瑪竇開始,這個職位就一直由歐洲耶穌會士擔任。柏應理又希望增加中國傳教士的人數。於是,他請求法王資助耶穌會在中國的傳教工作。另外,柏應理將信奉基督教不久的年青中國人沈福宗帶到歐洲,引發了法國宮廷的好奇心。柏應理說服路易十四資助六位法國耶穌會士以王家數學家的名義前往中國;其中五人於1688 年抵達北京,憑藉紮實的數學和天文學知識,贏得皇帝的信任,並獲准在宮廷進行高級科學實驗。1692年,康熙對他們的工作成果感到滿意,作為賞賜,下達「容教令」,自此基督教享有與佛教、道教同等的宗教地位。到十八世紀,儘管發生過「禮儀之爭」以及耶穌會被解散事件,法但國耶穌會的宣教工作仍然相當活躍。耶穌會在中國得以維持長久影響力,除了一直獲得法國朝廷支持之外,另一個原因是有貴人相助——外交大臣Henri Léonard Bertin。這位頂級中國迷在乾隆年間,至死一直與在華耶穌會士定期作書信來往。

由十七世紀下半葉起,法國宮廷開始更加追捧中國產品,甚至達到真正狂熱的地步。而早在十七世紀上半葉,中國風就已開始吹起。例如,路易十三的首席大臣黎希主教收藏中國產瓷器超過四百件。中國熱潮後來迅速冒起,一大原因是法國朝廷一件轟動的事。當時是1686年9 月,暹羅國王那萊王派出三位大使訪問凡爾賽宮,而且隨團人員眾多。他們帶上大批搜羅自泰國、中國、印度、日本等地的禮物,獻給法王及王室。其中的中國禮物,例如漆器、瓷器、硬石、金器等,大大勾起他們對中國藝術的興趣。以上的禮物之中,有一個珍貴銀茶壺,是凡爾賽宮於2018 年購得(圖2),將會在北京展出。


Fig. 4 : La foire de Nankin, 1761, huile sur toile, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

整個十八世紀期間,法國宮廷及王室經由作中介的法國東印度公司(當時位於洛里昂),不斷搜購進口至法國的中國藝術品。1730 年代末,路易十五(1710–1774年)訂購了一整套帶有康熙王朝紋飾的餐具;凡爾賽宮近期收集到其中數件(圖3)。路易十五又購入許多中國製單色釉瓷花瓶,並在到手後為其裝配豪華的鍍金青銅框,令花瓶顯得更壯觀。到了十八世紀末,路易十六與瑪麗安東妮亦對中國瓷器愛不擇。除此之外,中國和日本的漆器亦是法國王室的心頭好。

當時的中國藝術品熱潮,對法國藝術品亦產生深遠影響。中國製品成為法國多個領域的藝術家的靈感來源。這種風格在法國稱為「中國風」(或「中國風情」),在普遍盛行異國風情的十八世紀,是其中重要分支,例如,畫家Antoine Watteau 和François Boucher 是其中兩位最早期透過想象的中國尋求靈感的藝術家。1761 年時,凡爾賽宮的王后寓所內原來展示着由法國畫家繪畫的中國畫的陳列室被更換成只展示瑪麗萊什琴斯卡(Marie Leszczynska)王后自己所繪畫的中國畫的陳列室(圖4)。中國風潮為建築、園林藝術、圖形藝術帶來廣泛影響,其中以裝飾藝術受影響最深,特別是掛毯、鍍金青銅、金工藝品、陶瓷。因此,路易十五和路易十六特別喜愛色佛爾王家製造廠的中國風瓷器。

Marie-Laure de Rochebrune 是凡爾賽宮博物館的首席策展人
首兩篇文章源自法國五月2022 在香港法國文化協會舉辦的凡爾賽宮專題會議系列「視覺藝術教育課程講座系列」。《東西譚》摯誠感謝歐陽慧嫻(法國五月藝術節視覺藝術經理)的協助﹗

 
 

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