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Texte : Hugo Petit

 
  Electronic music sounds better with you : Rencontre avec Jean-François Amadei
電子音樂.齊來發現﹕訪問Jean-François Amadei
 
 

Cette année, à travers son volet cinéma, le French May a fait la part belle à la musique électronique avec Le Choc du futur et Why Versailles, deux films de Marc Collin, ainsi que Interstella 5555, qui allie animation japonaise et morceaux de Daft Punk, le duo français ayant annoncé sa séparation l’an dernier. Mais au fait, de quoi parle-t-on exactement ? « Electro » ? « Techno » ? « House » ?

Comment définir ces genres musicaux et quelle est leur histoire ? Y a-t-il une spécificité française avec la French Touch ? Paroles est allé poser la question à un spécialiste : natif de Marseille, Jean-François Amadei est depuis 2018 à la tête d’un label ainsi que du Minh Club (宀), situé à Sheung Wan et récemment ré-ouvert au public.

Paroles : Comment avez-vous découvert la musique électronique ?
J.-F. Amadei : C’est à Taiwan, en 2009, que j’ai commencé à m’y intéresser en profondeur et à en faire moi-même. Cela dit, je ne partais pas de zéro puisque dans les années 90, la musique électronique était assez accessible pour le grand public en France, alors même qu’il n’y avait pas encore Internet ! Je me souviens par exemple du moment où Laurent Garnier a été récompensé aux Victoires de la musique en 1998. Les concerts passaient à la télévision, et beaucoup de disques étaient disponibles dans les grandes surfaces. J’ai quitté la France à 18-19 ans pour étudier à Taiwan et à Hong Kong. Un jour, j’ai découvert les soirées Smoke Machine à Taipei : c’était une vraie rave. La musique était complètement folle, les gens très accueillants et on se sentait en sécurité (c’est ce que nous essayons de reproduire à Minh). Je me suis fait beaucoup d’amis ce soir-là, et je me suis rendu compte que c’était ma passion. J’ai commencé à apprendre, à acheter du matériel et à évoluer dans ce monde-là. Ma formation musicale s’est donc faite en Asie, avec beaucoup d’allers-retours en Allemagne. La France me semble être un isolat en termes de musique électronique, malgré l’existence de groupes très connus à l’étranger comme Justice. Il existe une synergie européenne dont la France est plutôt à part.

Comment définir la musique électronique ? D’où vient-elle ?
Elle se caractérise bien sûr par les instruments utilisés, mais aussi par sa raison d’être : être jouée dans un club ou une rave, être dansée. C’est quelque chose dont on fait l’expérience avec d’autres personnes. À Minh Club, je dirais que ce que l’on vend c’est justement de la « togetherness ». Jeff Mills et les gens de Détroit diront qu’il y a également une dimension politique, à laquelle j'adhère même si en tant qu’Européen je n’en maîtrise pas tous les tenants et aboutissants. Mais je maintiens que la musique électronique est avant tout une musique afro-américaine. Au début des années 80, Roland, la marque japonaise d’instruments de musique, commercialise un synthétiseur, la 303, et deux boîtes à rythmes, la 808 et la 909. C’est un flop complet : on les trouve trop volumineux, le son est étrange… Aux États-Unis, ils finissent en vente pour des sommes ridicules chez les prêteurs sur gage. Les jeunes sans le sou qui veulent faire de la musique vont alors se les procurer. C’est là la base de la musique électronique : la 808, la 909 et la 303, ainsi qu’un sampleur MPC de la marque Akai (venus du hip-hop, les sampleurs sont ensuite apparus dans la musique électronique). En termes de moyens, c’est donc une musique très minimaliste, assez répétitive, techniquement simple. La difficulté est d’être inventif avec aussi peu de choses. Les meilleurs morceaux techno des années 90 ont été faits avec trois bouts de ficelle dans des caves à Détroit. À présent, ces machines sont digitalisées sous forme de logiciels. Bien sûr, on peut faire de la musique électronique d’une infinité de manières, comme St Germain qui a fait un album très jazzy par exemple. En triturant la 808, on peut créer aussi bien des sons très doux que très rugueux.

Qu’est-ce que la French Touch ? Comment expliquer l’apparition de ce courant ?
La French Touch, c’est simple : tu prends un sample de disco, tu mets un filtre « high pass » par-dessus, ainsi qu’un beat de house derrière. Ça, c’est la French Touch. Bien sûr, je simplifie un peu. Prenons un exemple : Music Sounds Better with You de Stardust (1998), dont faisaient partie les deux membres de Daft Punk. Ils ont samplé Fate de Chaka Khan et ont fait leur musique par-dessus. Même One more time de Daft Punk, c’est clairement de la disco qui a été reprise. Pendant plusieurs années, toute l’Europe écoutait cette musique parce qu’elle était festive, bien faite, entraînante, et effectivement, les hits de cette époque-là étaient tous français. Cela s’explique peut-être par le fait que la musique disco était très présente en France dans les années 70 avec Sheila ou Claude François (un peu comme en Allemagne avec Boney M). C’est probablement avec ce style de musique qu’ont grandi les membres de la French Touch. D’ailleurs le père d’un des membres de Daft Punk était un producteur très connu (Daniel Vangarde, le père de Thomas Bangalter). La French Touch est un bon souvenir, mais malgré les retours à la mode cycliques dans la musique, je la vois très mal revenir. C’est mon point de vue très personnel, bien sûr ! En dehors de Daft Punk, Stardust ou Étienne de Crécy qui étaient généralement produits en studio avec des moyens exceptionnels, tout le reste a un peu mal vieilli quand même. Actuellement, les artistes français en French Touch font de la house assez accessible. Ce n’est pas une critique, je les aime beaucoup !

Vous avez évoqué l'électro, la techno et la house. De quoi s’agit-il ?
En France, on a tendance à parler d’« électro » pour désigner la musique électronique. C’est un problème. Sans vouloir pinailler ou être élitiste, l'électro est un style très particulier, originaire de Détroit. Il est très simple à reconnaître : il y a un snare très fort sur le contre-temps. À Détroit, le DJ d’une radio locale jouait toutes sortes de musiques qui étaient absentes des ondes commerciales, notamment Kraftwerk qui utilisait déjà des synthétiseurs et des boîtes à rythmes. Kraftwerk a donc été une source d’inspiration notamment pour la techno, sans que ses membres soient au courant ! La house et la techno sont deux styles très proches, comme des cousins : la house a gardé un côté disco, le rythme est plus lent, c’est plus dansant. La techno est plus épurée, plus rapide, plus introspective. C’est parfois difficile de les séparer. Il y a tellement de styles en musique électronique, comme la drum and bass ou la trance par exemple. Je pense que tout est relié en fait, alors même qu’il y a beaucoup de tribalisme et des publics isolés les uns des autres. La musique électronique, aussi violente qu’elle puisse être, provient malgré tout du funk et de la disco.

Parlez-nous de la création du Minh Club à Hong Kong.
En 2014, je suis allé à Berlin pour la première fois. J’ai alors réalisé que j’avais encore beaucoup de chemin à parcourir. Durant les quatre années suivantes, je me suis donc professionnalisé, aussi bien d’un point de vue musical que gestionnaire. J’ai participé à l’ouverture d’un club à Hanoi en 2017. Pour moi, le Minh vient en partie d’une frustration, à savoir que pour avoir les nuits les plus parfaites, il fallait prendre l’avion pour Berlin. Alors, on s’est dit qu’on pouvait peut-être faire quelque chose à Hong Kong pour y remédier ! Hong Kong possède bien sûr une scène locale, mais elle est très petite comparée à Chengdu ou Shanghai. L’idée est donc plutôt de faire venir des artistes étrangers. Si pendant une soirée, nous obtenons ce qu’auparavant j’allais chercher à Berlin, alors je me dis que ma mission est remplie. C’est une question de musique bien sûr, mais aussi d’ambiance et d’alchimie entre les gens : pendant 10 minutes, ou toute la soirée, le mec d’en face que tu ne connais pas est ton meilleur ami. C’est cet aspect qui est à la base du Minh : que l’on s’y sente à l’aise, en sécurité. Le Covid a été une période difficile, mais j’espère que nous pourrons faire venir des artistes américains et européens prochainement !

 

© Lorenzo Pierrucci

今年,法國五月為了重點推介電子音樂,特別在電影環節選播MarcCollin 的兩套作品《未來之聲》(Le Choc du futur)和《Why Versailles》,以及揉合日本動畫以及Daft Punk(去年剛宣佈拆夥的法國二人組)作品的《星際5555》(Interstella 5555)。但是話說回來,電子音樂到底是何物?「Electro」?「Techno」?「House」?

這些音樂類型如何界定?從何而來?「French Touch」真的有法國特色嗎?《東西譚》有機會請教到一位專家 —— Jean-François Amadei。他生於馬賽,2018年起成為某唱片公司以及夜店Minh(宀)Club(位於上環,最近已向公眾重開)的負責人。

《東西譚》﹕當初你是如何接觸到電子音樂?
J.-F.Amadei:當時是在2009年的台灣,我深深迷上電子音樂,甚至親自動手製作。話雖如此,我亦不算是完全從零開始,因為在九十年代,即使互聯網尚未普及,法國普羅大眾已有不少門路接觸電子音樂!例如,我還記得Laurent Garnier在1998 年獲頒法國音樂獎「Victoires de la musique」的一刻。
電視播放著他們的音樂會;許多唱片甚至在超市有售。我是在18或19歲離開法國,去台灣和香港讀書。有一日,我在台北遇上有機派對,體驗到真正的rave:令人徹底痴迷的音樂、熱情洋溢的群眾、有安全感的環境(正是我們Minh Club試圖營造的元素)。當晚我認識到許多朋友,而且意識到電子音樂就是我的志趣所在。於是我開始學習,又添置器材,慢慢投身這個領域。所以說,我的音樂功底是在亞洲打下的,再加上多次進出德國的經歷。我心目中覺得法國在電子音樂方面就像是座孤島,儘管出產過一些國際知名樂隊,例如Justice。當整個歐洲在同心協力發展電子音樂時,法國可以說是相當抽離。

如何界定電子音樂?從何而來?
電子音樂的特點自然是所用的樂器,但其本身亦有特別之處,就是經常在夜店或rave中播放,而且適合用來跳舞,可以說是你與他人一同體驗的事物。我們Minh Club的賣點正正就是「共同感」。Jeff Mills和底特律人會說,電子音樂還有一個政治層面(連我這個歐洲人亦會認同),雖然我不清楚種種來龍去脈。首先,我認為電子音樂是非裔美國人的音樂。八十年代初,日本樂器品牌Roland推出合成器「303」及兩台鼓機「808」和「909」。當時的銷情慘不忍睹。大家覺得機體笨重,聲音又怪異。最後,它們在美國流落到當舖,以極之荒唐的價錢待沽,只有那些想製作音樂但又身無分文的年輕人會想入手。電子音樂的原點就是「808」、「909」、「303」,以及一個採樣器(採樣器本來是Hip Hop的用具,後來才進入電子音樂)。因此,就創作方法而言,電子音樂是非常簡約的形式,既重複,技術上又簡單。難度在於用極少的元素發揮出創意。九十年代最出色的Techno作品,是在底特律的地窖用三條弦線的末端製作而成。時至今日,這些器材已經被數碼化,以軟件的形式出現。當然,製作電子音樂的方式無窮無盡,例如St  Germain就製作過一張非常爵士風格的專輯。只要熟習808,無論是極柔和以至極粗糙的聲效都在你掌握之中。

「French Touch」是什麼?這鼓浪潮如何產生?
French Touch其實很簡單,先取一個disco樣本,上面加一個「high pass」過濾器,後面加入house的節拍,這就是French Touch的由來。這個講法當然稍為簡化了。我再用另一個例子:製作《Music Sounds Better with You》(1998年)的Stardust,其中兩個成員本來屬於Daft Punk。他們又在Chaka Khan的《Fate》中採樣,然後在上面加入自己的音樂。即使是Daft Punk的《One more time》,裏面亦明顯包含disco音樂。幾年之間,全歐洲都在聽這種音樂,因為它富有節慶氣氛、製作精巧、引人入勝,而且當時的大熱歌曲都是法語歌。它風行的原因可能在於,disco音樂在七十年代已經非常興盛,不乏Sheila和Claude François(有點像德國的Boney M)等當紅歌手。French Touch的成員大概就是聽著這種音樂長大。另外,Daft Punk 一位成員的父親是非常著名的製作人(編者按﹕即Daniel Vangarde與其父Thomas Bangalter)。French Touch是段美好的回憶,可惜的是,雖然音樂界每隔一段時候就會重溫他們的作品,但我覺得真正的復興不太可能會出現。當然,這只是我個人的觀點!除了Daft Punk,Stardust或Étienne de Crécy的作品通常在錄音室用特別的方法製作之外,其他人的作品都太過時了。目前,連French Touch的法藉音樂人都在製作通俗流行的house。我不是在批評他們,我對他們相當欣賞﹗

你提到electro、techno、house,可否講解一下?
法國人一般會用「electro」來稱呼電子音樂,但這樣其實有問題。我不是要吹毛求疵或者扮作專家,但electro其實是非常獨特的風格,源自底特律,而且相當容易辨識:在弱拍會有一下強烈的沙鼓。在底特律的某個當地電台,唱片騎師會選播一般商業電台不會問津的各種音樂,特別是當時已在使用合成器和鼓機的Kraftwerk。所以說,Kraftwerk是當時激發創意的源頭,特別是對於techno。這點連techno界都沒有意識到!House與techno是兩種非常相似的風格,有如表兄弟。House節奏較慢,更適合跳舞,在disco一直佔一席位;techno則較精緻,較快,較深邃。有時候,兩者難以分離。電子音樂裏有很多風格特色,例如鼓、低音、Trance。我認為它們實際上都是互相關聯,儘管山頭主義盛行,而且各個「門派」的受眾自成一隅。電子音樂有時可以極之粗暴猛烈,即使它是源自funk和disco。

可以講述你在香港創立Minh Club的過程嗎?
2014年,我第一次去到柏林後,才意識到還有很長的路要走。之後的四年間,我無論在音樂上還是管理上,都致力令自己更加專業。我在2017年參加河內一間夜店的開幕禮。對我來說,Minh有一部分是來自挫敗,換言之,要掌握完美的夜色,就必須飛往柏林。於是,我覺得或許可以在香港做些事來補救!香港當然有自己的特色,但與成都或上海相比,就顯得非常小。所以倒不如吸引外地的藝術家前來。如果有一晚,我得到當初在柏林想得到的東西,我才會告訴自己﹕任務終於達成。當然這是攸關音樂的問題,但亦是人際間的氣氛及化學作用的問題——在十分鐘內,或整個晚上,將在你面前不認識的人變成最好的朋友。這就是Minh的根本理念——令人感到舒適、有安全感。疫症爆發期間諸事艱難,希望我們能盡快吸引到歐美的藝術家前來!

 
 

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