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Vous souvenez-vous de Billy Elliott ? L’histoire de Lam Chun-wing, premier Hongkongais à avoir intégré le prestigieux Ballet de l’Opéra national de Paris, rappelle à plusieurs égards le film de Stephen Daldry, en plus international. Arrivé à Paris à l’âge de 14 ans sans parler un mot de français, le jeune danseur a très aimablement partagé son expérience pour Paroles, tandis que le Hong Kong Arts Festival l’avait invité à participer à un webinaire cette année. Son parcours suscite l’admiration… et l’inspiration.
« Le piano et la musique ont été ma première passion », nous explique Lam Chun-wing. À l’âge de 7 ans, sa mère l’inscrit également à un cours de danse classique, dans le souci de trouver une activité plus socialisante pour son fils, assez timide et solitaire, mais plutôt souple. Il s’y oppose tout d’abord (comme une grande partie de son entourage), car il est le seul garçon de la classe. Pourtant, quelque chose le fascine dans le fait de mouvoir son corps avec la musique. Il assiste à plusieurs ballets classiques au Hong Kong Cultural Center. À 10 ans, c’est décidé : il sera danseur professionnel.
Les Indomptés © Svetlana Loboff |
Mais cela s’avère plus difficile que prévu, Hong Kong ne disposant pas vraiment de formation à plein temps en danse classique. À 14 ans, il se résout à partir pour l’étranger. Pourquoi la France, dans ce cas ? Lam Chun-wing nous raconte avoir tout simplement recherché sur Google « Ballet School » et avoir ainsi découvert le site de l’école de danse de l’Opéra : « Il était en français et je ne comprenais rien, je ne voyais pas comment candidater. Finalement, Jean M. Wong, ma professeure de danse, pensait qu’il s’agissait de la meilleure école de danse du monde, et, comprenant le désir qui m’animait, m’a dit “autant tenter le meilleur.” En passant par le Consulat de France à Hong Kong, nous avons pu les contacter et ils nous ont proposé une audition sur place à Paris, enfin, à Nanterre ! » Admis en 2011, il prend l’avion tout seul avec deux grandes valises. Il n’a jamais vécu à l’étranger, ou loin de sa famille, et arrive un jour trop tôt… un dimanche : l’internat est fermé. Faute d’avoir pu lire sa lettre d’admission en français, Lam Chun-wing ignorait qu’il fallait attendre le lendemain pour pouvoir y être accueilli. « Le premier jour était un peu rock’n’roll, résume-t-il, je ne comprenais rien de ce qui se passait autour de moi. » Heureusement, le chauffeur de taxi, d’origine vietnamienne, parle le cantonais et accepte de l’héberger pour la nuit.
Il suit des cours de français avant d’intégrer le système scolaire local, en horaires aménagés. À l’issue du cursus de l’école de danse, il tente deux fois le concours d’entrée au ballet de l’Opéra, qu’il réussit en 2015. Lam Chun-wing est aujourd’hui « Coryphée ». Mais de quoi s’agit-il ? « Il y a une hiérarchie assez particulière qui date en partie des origines de l’institution : l’Opéra de Paris a été fondé par Louis XIV, il y a à peu près 350 ans. Aujourd’hui il y a cinq niveaux ou grades : “Quadrille” tout d’abord, puis “Coryphée”, “Sujet”, “Premier Danseur” ou “Première Danseuse” et enfin le titre d’“Étoile”, le Graal ! Chaque année, un concours de promotion est proposé à ceux qui souhaitent monter en grade. » Lam Chun-wing évoque également les doutes qui l’ont assailli durant ce parcours très difficile, physiquement comme moralement : « Cela demande beaucoup de motivation. Aussi, il est important de trouver son “pourquoi”. Sans cela, on risque de ne pas accepter les difficultés et d’abandonner facilement. »
À quoi ressemble la journée-type d’un danseur ? Lam Chun-wing nous la décrit : « Je me lève le matin… avec des courbatures. J’arrive à l’opéra vers 9h et me prépare pour le cours de danse qui comporte toujours les mêmes exercices, comme les gammes d’un pianiste : c’est notre entraînement quotidien. Vient ensuite le déjeuner, suivi d’une séance de kiné, de massage, ou de salle de gym, en fonction de nos besoins physiques. Le premier service de répétition débute à 13h30. Le second a lieu entre 16h30 et 19h, lorsqu’il n’y a pas de représentation le soir. S’il y en a une, elle débute généralement à 19h30. Avant cela, il y a la préparation du spectacle : l’échauffement, le maquillage, la coiffure, etc. Il n’y a pas de spectacle tous les soirs, mais il y en a beaucoup, quand même ! »
En 2020 et 2021, la France a connu plusieurs confinements. Dans ce contexte, rester en forme et s'entraîner n’a pas été une mince affaire. Les danseurs ont suivi des cours en ligne depuis chez eux, l’Opéra leur ayant fourni un linoléum de sol de danse pour la pratique. « À la maison on n’a pas la place pour faire des sauts et éviter de déranger les voisins. Même si l’on a fait des spectacles sans public avec des caméras à la place, ce n’est pas la même chose, parce qu’il n’y a pas cet échange d’énergie ». Lam Chun-wing se consacre alors à un projet personnel : la création d’un film sur le Prélude à l’après-midi d’un faune de Claude Debussy avec le pianiste Alexandre Tharaud et la chorégraphe Wun Sze Chan.
Comment juge-t-il la vie en France et à Paris après plus de 10 ans ? « Ce qui m’impressionne, c’est la densité d’activités culturelles de cette ville qui n’est pas si grande, comparée à Hong Kong : les spectacles, les concerts, les musées. En tant qu’artiste de scène, c’est très enrichissant et inspirant aussi. En arrivant, le choc culturel a été intense, tout me paraissait différent et incompréhensible. Maintenant, j’ai l’impression d’avoir le même choc culturel en sens inverse quand je viens passer des vacances à Hong Kong. Même s’il fréquente quelques Hongkongais de France comme Sony Chan, Lam Chun-wing ne peut que vanter les mérites de l’immersion parmi ses amis, majoritairement français : « ça m’a permis de m’intégrer et d’apprendre le français rapidement. Si je devais donner un conseil aux Hongkongais qui souhaitent apprendre la langue française, ce serait d’accueillir le choc culturel avec bienveillance, et avec joie ! Sans cela, on ne peut pas apprécier pleinement le pays. »
Lam Chun-wing souhaiterait s’essayer à d’autres styles de danse, comme le hip-hop ou les danses de salon, mais nous explique ne pas en avoir le temps, ses deux jours de repos hebdomadaires étant à peine suffisants pour se remettre physiquement d’une routine très intense. Au fil des saisons de l’Opéra, il a cependant découvert la danse contemporaine : « même dans une compagnie comme celle de l’Opéra de Paris, considérée comme assez classique, on a beaucoup de ballets néo-classiques ou contemporains. Je trouve la danse contemporaine beaucoup plus diversifiée dans la technique, la manière de faire passer un message, de s’exprimer pour les danseurs, dans les choix de musique également, la mise en scène, etc. Au départ, j’avais du mal avec la danse contemporaine, je ne savais pas forcément l’apprécier. Aujourd’hui, je trouve cela souvent plus intéressant que d’aller voir un ballet classique. » Parmi les chorégraphes qui l’ont marqué, il mentionne William Forsythe, le couple Paul Lightfoot et Sol León, pour qui il a dansé Sleight of Hand et Speak for Yourself, ainsi que Claude Brumachon, dont la pièce Les Indomptés consiste en un duo de deux danseurs masculins.
Alors que l’interview touche à sa fin, le danseur nous explique suivre en parallèle un cursus à Grenoble École de management depuis cinq ans : « Je suis en dernière année. J’ai créé un cabinet de conseil en gestion de patrimoine pour sportifs et artistes de haut niveau. L’éducation financière des sportifs et artistes est perfectible, alors qu’ils connaissent une certaine précarité liée à leur emploi, et touchent des revenus très jeunes (à l’Opéra, dès l’âge de 16 ans), tout en ayant des carrières courtes. Donc je pense que c’est d’autant plus important pour eux de ne pas être perdu, afin de pouvoir prendre les bonnes décisions financières. »
Apprendre la danse classique, aspirer à quitter Hong Kong, parvenir à intégrer une école de danse étrangère sans parler la langue locale, et enfin reprendre des études en parallèle, Lam Chin-wing s’est vu répéter tout au long de son parcours que ce qu’il envisageait de faire était impossible : « Je pense qu’il faut être clair sur ce que l’on veut faire et pourquoi on le fait, conclut-il avec un sourire. Quand on y croit, on a toujours une solution ! »
Un grand merci au Hong Kong Arts Festival
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© Julien Benhamou |
不知大家對《跳出我天地》(Billy Elliot,2000)還有沒有印象?林雋永,首位加入馳名國際的巴黎歌劇院芭蕾舞團的香港人,他的經歷從很多方面都令人聯想起這套 Stephen Daldry 執導的電影,而故事的格局甚至還更加國際化。林雋永親切友善地向《東西譚》講述自己的經歷——初到巴黎時,年僅十四歲,而且不會半句法語。這位年青舞蹈家今年還獲香港藝術節邀請出席網絡研討會,他的奮鬥過程不單令人欽佩,而且激發人心。
林雋永向我們憶述:「我本來醉心於鋼琴和音樂。」當他七歲時,林母覺得兒子性格害羞孤獨,所以想為他找一個有更多社交的活動,而他的體格又柔韌,於是為他報名芭蕾舞班。起初他並不願意(他身邊的人亦大部分反對),因為他是班上唯一的男學員。然而,當他的身體隨著音樂翩翩舞動時,自己竟在不知不覺間著迷,後來更在香港文化中心參演了幾場古典芭蕾舞。到了十歲,他決定要成為專業舞蹈員。
然而,他後來發覺路途比預期中困難,因為香港並無正式的全日制古典舞課程所以,他在十四歲決定遠赴外地。既然如此,為何選了法國?林雋永告訴我們,他只是Google「芭蕾舞學校」,見到巴黎歌劇院芭蕾舞學校的網站,他又說:「網站是法文,我完全看不懂,不知如何申請。我的舞蹈老師王仁曼認為這是全世界最好的舞蹈學校,而且她明白我的追求,她鼓勵我『盡力爭取』。我們經法國駐港領事館聯絡到學校,學校在巴黎為我們安排一場現場面試,之後更在楠泰爾作最後面試!」他在2011年獲取錄,拖著兩個大行李箱隻身登上飛機。他從來沒有在外國生活過,甚至沒有遠離家人;最後早了一日抵達,但因為剛好是星期日,宿舍關閉。之所以擺了烏龍,是由於看不懂法文的錄取信,上面原來寫著下一日才安排迎新。他形容﹕「初到的第一日就遭遇波折,我對身邊的一切都毫無頭緒。」幸好,接載他的的士司機原籍越南,會講廣東話,更願意接待他留宿一晚。
在修讀正規課程之前,他按照學校為他特別安排的時間表上法語課。完成舞蹈學校的課程之後,他報考了歌劇院芭蕾舞團兩次,最後在2015年通過。到了今日,林雋永已經成為「群舞領舞員」(Coryphée)。他為我們講解這個位置的由來和意義﹕「這個非常特別的等級制度可以追溯到舞團最初成立的時候。巴黎歌劇院是由路易十四創立,至今已有大約350年,如今仍然保留五個等級或職級:群舞員「Quadrille」,之後是群舞領舞員「Coryphée」,主題舞蹈員「Sujet」,首席舞蹈員「Premier Danseur/Première Danseuse」,最後就是芭蕾舞的頂峰——明星舞蹈員「Étoile」﹗舞團每年都會為有志晉升的舞蹈員安排一場選拔比賽。」林雋永又憶述這段非常艱難的過程帶給他身體與精神的考驗:「你必須要有明確的動機,而且要找到堅持下去的『理由』,否則就很可能承受不住困難,容易放棄。」
Pendant une répétition © Svetlana Loboff |
舞蹈員平常的一日怎樣過?林雋永描述道﹕「我每朝醒來都會……渾身酸痛。我大約早上九點到達歌劇院,為舞蹈課做準備。舞蹈課裏必然有同一套常規練習,就像鋼琴的音階練習,是我們每日必備的訓練。之後是午餐,午餐後視乎我們的身體狀況需要,接受物理治療、按摩或健身。第一次排練會在下午1:30開始。如果當晚沒有表演就會有第二次排練,在4:30至7:00。有表演的話,通常會在晚上7:30開始。表演前的準備是熱身、化妝、髮型等等。表演不是每晚都有,但其實還算不少!」
2020年及2021年,法國曾經有幾次防疫閉關。那時候,要保持身材和鍛煉並不容易。舞蹈員要在家裏參加網上課程;歌劇院為我們提供了跳舞用的地氈作練習。林雋永補充﹕「家裏沒有跳躍的空間,還要避免打擾鄰居。即使我們用鏡頭拍攝沒有觀眾在場的表演,也完全不是同一回事,因為這種形式並沒有能量的互動。」所以,他乾脆專心進行一項個人項目:由鋼琴家Alexandre Tharaud及編舞家Wun Sze Chan共同創作、以德布西《魔人午後前奏曲》為題材的電影。
經過十多年,林雋永如何回味在法國和巴黎的日子?「令我印象深刻的是,與香港相比,這個城市的文化活動密度並不是那麼大,不論是表演、音樂會或博物館,而巴黎亦相當能豐富及啟發我們這些舞台藝術人員。當我最初抵步時感受到強烈的文化衝擊,身邊的一切對我來說都迥然不同、無法理解。而到了現在,當我回香港度假,又遭遇到反文化衝擊。即使林雋永經常與陳茗倫(Sony Chan)等幾個來自法國的香港人見面,他仍然認為自己在交往圈子裏主要與法國人交往會較有好處:「這樣有助我更快融入法國文化和熟習法語。對於想學法語的香港人,我的一點建議就是以友善和喜悅的心情來迎接文化衝擊,否則難以全面欣賞這個國家。」
林雋永透露有想過嘗試其他舞蹈風格,例如Hip Hop或社交舞,但沒有時間,因為每週只有兩日休息實在難以讓他的身體在這種異常激烈的日常工作模式下充分恢復。然而,在加入歌劇院的數年間,他還是有機會接觸到當代舞。林敘述:「即使是巴黎歌劇院這種形象相當古典的舞團,當中還是有不少新古典音樂或當代芭蕾舞的元素。我發覺當代舞在技巧、表達訊息的方式、以舞蹈表達自己的方式、音樂選擇、舞台佈置等方面更加多元化。我最初還很抗拒當代舞,不太懂得如何欣賞。到現在,我經常覺得當代舞比古典芭蕾舞更有趣。」至於對他有影響的編舞家,他認為有William Forsythe、Paul Lightfoot與Sol León夫婦(林曾為他們的《Sleight of Hand》及《Speak for Yourself》演出),還有Claude Brumachon(其代表作《Les Indomptés》是只有兩名男舞者的舞劇)。
在採訪結束之際,林雋永告訴我們他正在格勒諾布爾管理學院(Grenoble École de Management)修讀為期五年的課程:「現在已是最後一年。我為高級運動員及藝術人員成立了一間財富管理諮詢公司。運動員和藝術人員的財務教育還有改善的餘地,而且他們的工作性質帶有某些不穩定因素。他們的收入集中在非常年輕之時(以歌劇院為例,由十六歲開始),然而事業生涯卻很短暫。因此,我認為財務管理對他們非常重要,可確保他們不迷失自己,從而作出正確的財務決定。」
學習古典舞、渴望離開香港、不會當地語言卻考入外國舞蹈學校、最後在發展舞蹈事業同時重拾書本學習。林雋永在整個事業生涯中不斷聽到聲音說,他想做的事情不可能成功。他微笑總結道﹕「我認為最重要是自己清楚想做什麼,還有想做的原因,只要有信心,終會有出路﹗」
衷心感謝香港藝術節 |
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