Rencontre 專訪

Texte : Kamil Ezzikhe, David Cordina

 
  A travers le miroir, la ville
以香港為鏡
 
 

« À travers le miroir, plongez dans l'univers parallèle du théâtre. » Déjà mentionné dans le numéro 266 de Paroles, le festival du French May collabore, depuis 2022, avec deux dramaturges : un français, Nicolas Kerszenbaum, et un hongkongais, Wu Hoi Fai, qui, après dix-huit mois de travail et de résidences croisées, aboutissent à la production de deux pièces de théâtre originales. Par une double mise en scène de Good Fortune et Pas de deux à Hong Kong, qui seront présentées en mai et juin prochains, les deux auteurs changent, échangent et interchangent les regards qu’ils portent sur la France et Hong Kong. Le projet intitulé Let the mirror speak oppose et superpose les points de vue nichés à l’intersection des vécus français et hongkongais.

Good Fortune, signée Nicolas Kerszenbaum, met en scène un Hongkong où vivants et morts, riches et pauvres se croisent :
l’intrigue se joue entre Fong, sexagénaire qui s’apprête à commencer un deuxième emploi, Wing, son fils qu’elle attend impatiemment alors qu’il répare des montres dans un centre commercial de la ville et Karen, riche hongkongaise, belle mais souffrant de solitude qui vient de casser sa montre. Sur leur chemin et leur rencontre, se trace la destinée de Hongkong, que Nicolas Kerszenbaum a pavée de superstitions qui relient la ville à ses habitants.

Conçue par Wu Ho Fai, Pas de deux à Hong Kong propose de porter un nouveau regard sur la communauté française de Hong Kong. Entièrement joué par une troupe de jeunes comédiens de la ville, qui participent depuis dix-huit mois, à l’écriture de la pièce, le projet cherche à réexaminer la ville par une perspective inédite. Lors d’une répétition et séance d’écriture, Paroles a rencontré Wu Ho Fai pour déchiffrer les premiers mots de cette lettre d’amour franco-hongkongaise.

Wu Ho Fai décrit son premier contact avec la langue française par les cours qu'il prenait jeune adulte au centre de Wanchai de l’AF. Ce n’est pas la première fois que son travail questionne les notions d’identité et de lieu : l’année dernière, au théâtre 13 à Paris, dans le cadre du projet d’échanges du French May, il a repris l’adaptation scénique du roman autobiographique Gweilo de Martin Booth.

La pièce Pas à deux à Hong Kong marque pour lui la continuation d'un questionnement identitaire. Le sentiment d’appartenance, Wu Ho Fai ne saurait le saisir précisément. Il nous raconte qu’il a ressenti intensément son identité hongkongaise à l’étranger, durant sa vie étudiante à Londres. Comme l’étudiant qu’il était en Angleterre, il s’interroge avec ceux qui peuvent prendre du recul, changer leurs perspectives, réfléchir au reflet que procure le miroir d’une expérience à l’étranger. Les Français l’intriguent particulièrement, car leur lien avec la ville ne saurait s’expliquer avec évidence, ce qui l’a amené à mener un travail de recherche préalable en interrogeant une cinquantaine de résidents français hongkongais de tous âges, genres, ou classes sociales, en espérant saisir à travers leurs témoignages, une vérité multiple et complexe dépassant les stéréotypes.

Wu Ho Fai nous rappelle que le centre de son intérêt reste la perception de Hong Kong, qui lui permet d’explorer les nuances et les contrastes de la ville. Alors que les Français apprécient la nature, les habitants de Hong Kong semblent l’oublier rapidement, absorbés par leur mode de vie frénétique. L’ethnothéâtre qu’établit le travail de Wu Hoi Fan se joue des séparations et, au contraire, se penche sur les négociations qu’entreprennent les deux cultures pour coexister. Par-delà les entretiens menés, le metteur en scène conduit un travail de recherche anthropologique et historique pour remonter à un événement clé : la seconde guerre mondiale, où Français et Hongkongais ont partagé un destin commun tragique, et continuent de le faire aujourd’hui sur la scène théâtrale, réunissant spectateurs et acteurs.

Accessible aux publics français et hongkongais, la pièce favorise le dialogue. Ici, les rôles français sont joués par des hongkongais. Wu Ho Fai l’explique : « c’est l’opportunité pour les locaux et les Français d’ici de dépasser les représentations habituelles de leurs communautés et de s’interroger sur des aspects nouveaux d’identités qu’on ne saurait formuler. » Au-delà des stéréotypes culturels, le dramaturge souhaite que la pièce pousse le public à s’interroger sur ce patrimoine commun en partage.

Quelles que soient les raisons, ces deux populations partagent les mêmes peurs, espoirs et préoccupations, créant ainsi une base pour se soutenir mutuellement et peut-être même se rassembler. Que ce soit lors d’un court séjour dans cette capitale asiatique, dans cet archipel au peak et baies chargés d’histoire, ou comme un territoire pour lequel on serait prêt à se sacrifier, ou encore comme un lieu de vie où l’on construit familles et cercles amicaux, le dramaturge espère que chacun d’entre nous, en assistant à la pièce, réfléchira aux liens qu’il a tissés avec Hongkong. C’est la conclusion d’une lettre d’amour franco-hongkongaise qui s’adresse à tous celles et ceux, passés et présents, qui ont pu ou su appeler Hongkong leur « chez eux ».

 

「透過鏡子,躍入戲劇的平行世界。」第266期《東西譚》曾經提及過,法國五月藝術節自2022年以來便與兩位分別來自法國和香港的劇作家尼古拉˙卡森鮑姆(Nicolas Kerszenbaum)和胡海輝攜手合作。經過十八個月的努力和互相駐留,兩人終於創作出兩部原創戲劇作品。《祈福》和《香西法蘭港》即將於五月和六月雙雙上演,兩位劇作家就他們對法國和香港的看法作出深入交流。「讓鏡子說」計劃比較法國人和香港人的生活經驗,進而交織出一幕幕精彩故事。

《祈福》由尼古拉·卡森鮑姆創作,在舞臺上呈現一個無法區分生者與死者、上流與下流的香港——約六十歲的阿芳正準備開始第二份工作並等待兒子歸來;阿榮卻沒有回家,留在商場中修理手錶;而富貴美麗但孤單的Karen,卻剛剛弄壞了自己的手錶。尼古拉·卡森鮑姆以民間信仰將香港與香港人聯繫起來,他們的人生旅程、相遇相知,隱喻了香港的命運。

《香西法蘭港》由胡海輝創作,以全新視角探索香港的法國人社群。該劇由完全以香港年輕演員組成的劇團演出,他們在過去十八個月一直參與劇本創作。此計劃務求以前所未有的觀點重新審視香港。《東西譚》在一次排練和劇本會議期間採訪了胡海輝,為讀者初步揭示這部洋溢港法兩地情懷的作品。

胡海輝與法文的初次接觸,可以追溯至他年輕時曾在法國文化協會灣仔中心學習法文。他之前的作品已經探討過身份和地域議題。在去年法國五月的交換計劃中,他便在巴黎 Théâtre 13 劇場再度演出改編自Martin Booth的自傳式小說《Gweilo》的舞臺劇。

對他而言,《香西法蘭港》一劇是對身份探索的延續。胡海輝對「歸屬感」沒有精準肯定的說法。他表示過去在倫敦留學期間,於外地深刻感受到自己的香港人身份。如今,胡海輝一如當年在英國留學的自己,他與大家一起後退一步、改變觀點,思考外地生活經驗所反映的事情。在港法國人尤其讓胡海輝好奇不已,而他們與香港的聯繫並非顯然易見。因此,胡海輝預先進行了一番調查工作,採訪了約五十位不同年齡、性別和社會階層的居港法國人,希望透過他們的現身說法,深入了解其多面而複雜的真實體驗,而非只是表面的刻板印象。


Wu Hoi Fai (Crédit : Keith Sin)

胡海輝強調他的興趣重點是人們對香港的感覺,這些感受讓他能夠探索香港的微妙之處和不同對比。例如,雖然法國人喜歡大自然,但香港的居民由於面對著瘋狂的生活節奏,所以恍惚很快就將它忘記了。胡海輝透過這部關於兩個不同民族的舞臺劇,探討兩種文化間的距離,以及大家為了和諧共存而所作的溝通。除了訪談外,胡海輝亦進行了人類學和歷史研究,回顧悲慘的第二次世界大戰對法國人和香港人的深刻影響。觀眾和演員們現在一起透過舞臺劇再次分享和感受當中觸動人心的故事。

無論入場的觀眾是法國人或香港人,他們都可盡情欣賞這部促進交流的舞臺劇。劇中的法國人角色由香港演員扮演,胡海輝對此解釋道:「這是香港人和居港法國人脫離其社群固有形象的良機,進而探索一些難以表達的身份新面貌。」胡海輝希望該劇能超越文化刻板印象,引起觀眾對共同文化遺產進行反思。

不論原因為何,香港人和居港法國人都有著相同的恐懼和希望,並擔心著同樣的事情,這為雙方帶來互相支持的基礎,甚至可以讓彼此相聚相依。無論我們只是在香港這個充滿歷史故事的亞洲都會短暫逗留,或是將香港視為值得自己犧牲的土地,或以香港作為成家立業、廣結良朋的生活地點……胡海輝希望每一位觀眾在欣賞本劇時都可反思其與香港建立的聯繫。這是一封法港情書的結語,獻給所有過去和現在,有幸能夠或在心中稱香港為「家」的每一個人。

 


 
 

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