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Après plusieurs mois de travaux, s’ouvre à Tsuen Wan, The Mills, un complexe d’un genre unique installé dans une ancienne usine de filature textile reconditionnée. Une occasion de revenir sur l’histoire de cette industrie et celle de la mode à Hong Kong.
L’origine de l’industrie textile à Hong Kong
L’histoire de l’industrie textile à Hong Kong commence avec l’arrivée des Anglais en 1841 à l’issue de la Guerre de l’Opium. En effet, dans la plupart des autres colonies asiatiques de l’empire, la production de coton et l’utilisation de la main d’œuvre locale peu onéreuse conduit des hommes d’affaires à ouvrir des usines de filature dont les produits seront réexportés en Europe. A l’époque, l’Inde, avant la Chine, était déjà réputée pour ses filatures. Les entrepreneurs Farsi et les Juifs séfarades venus d’Irak comme Silias Hardoon ou David Sassoon ont en effet beaucoup investi dans cette industrie. Pourtant c’est à Shanghai et non à Hong Kong qu’ils vont s’installer en priorité, la surface à exploiter étant plus importante et la population attirée par le développement de la ville plus nombreuse. Aussi la première filature de coton, la Hong Kong Cotton-Spinning, ouvre-t-elle en 1899, à So Kon Po, près de Causeway Bay, sous la direction de Jardine Matheson, ce groupe fondé par les descendants de William Jardine, l’homme qui avait lancé l’Angleterre dans la Guerre de l’Opium soixante ans plus tôt. Il jouira longtemps d’un quasi-monopole sur cette industrie.
Le vrai décollage de Hong Kong commence en effet dans les années 1940 quand les capitalistes chinois doivent fuir devant l’invasion japonaise qui a pris le contrôle du Nord de Shanghai où étaient installées la plupart des filatures de coton. A la fin de la guerre, d’autres investisseurs suivront, voulant échapper au régime de Chiang Kai Shek, extrêmement corrompu et donc peu favorable au développement des affaires. Enfin c’est l’avènement du communisme en Chine fin 1949 qui signera la fin de l’âge d’or de l’industrie textile shanghaienne et conduira des milliers de réfugiés vers Hong Kong, militaires défaits ou tout simplement les marchands favorables aux Nationalistes. La conjugaison entre cette maîtrise des techniques, l’arrivée de machines anglaises sophistiquées réacheminées par bateau jusqu’à Hong Kong et la main d’œuvre pléthorique en quête de moyens de survivre fera de la colonie britannique la nouvelle usine du monde du textile à partir des années 1950. Le Shanghaien Li Zhenzhi fonde à Hong Kong Dainan Cotton Mill Ltd. en 1947, entreprise bientôt concurrencée par Peninsula Spinners Ltd., Kowloon Cotton Mill Ltd, Nanyang Cotton Mill Ltd., entre autres. Ainsi, alors que le nombre total d’ouvriers n’est que de 64 000 en 1947, le secteur textile à lui seul emploie plusieurs centaines de milliers de personnes dès 1962. Le nombre de filatures locales passe également de 1 à 17 en 1948 puis à 40 en 1975 !
De la filature aux métiers du tissage
Les années 60 voient se développer jusqu’aux années 80 de nouvelles activités liées au textile. La filature des débuts est souvent complétée par l’industrie du tissage, du tricotage ou de la teinture, processus plus complexes grâce auxquels les nouveaux industriels montent dans la chaîne de valeur. Ainsi, la fabrication de vêtements devient-elle l’une des principales industries de Hong Kong. Les produits phares de l’époque comprennent bien entendu la célèbre « cheung sam », la réplique des qipao, ces robes chinoises du Shanghai des années 1930, mais également beaucoup de vêtements de style européen, devenus à la mode dès les années 1960, comme en attestent la publicité et le cinéma de l’époque. Avec l’élévation du niveau de vie, s’installent enfin à Hong Kong des créateurs, profitant du faible coût de fabrication mais dont l’objectif est aussi de diffuser sur place sur un marché fortement influencé par la société de consommation américaine. Parmi les Français, on trouvera Pierre Cardin, Dior, Givenchy ou Hermès mais on note rapidement l’émergence de marques locales comme le désormais célèbre Shanghai Tang.
Le site de Nan Fung Textiles Mill situé à Tsuen Wan fait partie de cette génération d’usines d’après-guerre, crée en 1954 par Chen Din Hwa, un homme d’affaires originaire de Ningbo, aussi surnommé « le roi du fil de coton ». L’entreprise se développe rapidement et occupe bientôt trois bâtiments. Le groupe créera ensuite une filiale pour fabriquer des vêtements, suivant la tendance du marché. Le district de Tsuen Wan est alors largement dédié au textile, beaucoup d’entreprises étant installées le long de Castle Peak Road. Il y a aussi des usines distribuées dans les Nouveaux Territoires et sur Kowloon. A la fin des années 1980, le secteur textile devient de moins en moins lucratif, du fait des protections douanières imposées par les pays occidentaux et aussi l’augmentation des coûts de main d’œuvre par rapport à la Chine ou des pays en développement comme le Bengladesh. Le groupe Nan Fung se diversifie alors dans l’immobilier, suivant l’exemple de nombreux anciens industriels de Hong Kong. Le site restera néanmoins en activité jusqu’en 2008, après deux décennies de déclin de la production du textile à Hong Kong (il y a moins de 10 000 personnes dans ce secteur aujourd’hui).
Revitalisation du patrimoine dans un nouveau projet
Devant choisir entre la tentation de redévelopper les terrains ou conserver ce patrimoine, le groupe a finalement pris la décision courageuse de réutiliser ses anciennes usines. Ce projet fait écho, il est vrai, à la volonté de Hong Kong de ne pas voir totalement disparaître les endroits qui tracent son passé. D’autres initiatives comme la réhabilitation de la prison de Victoria ou encore les façades de Yau Ma Tei répondent récemment à cette logique qui tranche avec la folie destructrice des années 1990. Devenu un temps le terrain de chasse des photographes urbex, cette discipline graphique qui s’épanouit dans les espaces désaffectés, The Mills est désormais ouvert au grand public et propose une combinaison innovante de boutiques et restaurants branchés mais également expositions de street art, incubateurs dans le domaine du design et de la mode.
En plus de cette remise en valeur spectaculaire, un musée de l’histoire du textile permet de mieux comprendre le passé industriel de ce site en le remettant dans son contexte. La mise en continuité du passé et de l’avenir a été rendu possible par un travail de documentation et les archives du groupe Nan Fung, totalement impliqué dans ce projet. La décoration moderne des anciens étages de production, s’appuie sur des nouveaux chemins de lumières, larges ouvertures vitrées sur le ciel et les terrasses. Le maintien de parties originales comme les escaliers dont la peinture verte industrielle sur les parties basses rappelle l’usage initial et la mise en valeur de portes métalliques numérotées achèvent de faire de ce lieu une passerelle temporelle destinée à la création. Idéalement situé à quelques minutes du MTR et desservi par la passerelle couverte qui y mène, The Mills semble d’ores et déjà promis à un grand succès.
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• © The Mills
經過數個月的的籌備後,位於荃灣的南豐紡廠The Mills 經已開幕。這座本來已停用多年的紡紗工廠,經重修後,已成為別樹一幟的建築群。在這裏,可以重溫紡織業的歷史,還有香港時裝的古與今。
香港紡織業的興衰
香港的紡織業是從1841年鴉片戰爭結束後,英國人來到香港起開始。事實上,在大英帝國的大多數其他亞洲殖民地,因為有棉花出產和有廉價的當地勞工可利用,不少商人開設紡紡廠,將製成品再出口歐洲。早在當時候,印度已先於中國憑紡紗業聞名。波斯裔,以及伊拉克的塞法迪猶太裔企業家,例如哈同(Silas Aaron Hardoon)、大衛.沙遜(David Sassoon),事實上都曾大力投資紡紗工業。但畢竟他們是在上海發展而不是香港。以開拓商機的優先次序而言,上海這塊地比香港重要得多,發展上海所能吸引到的人流也更多。1899年,渣甸洋行(Jardine Matheson,現稱怡和洋行)在銅鑼灣附近的掃桿埔建立香港第一間紡紗公司 — 紡織業香港紡織公司。渣甸洋行是由威廉.渣甸的後人創辦的集團,而威廉.渣甸更是 60 年前推動英國發動鴉片戰爭的關鍵人物。渣甸洋行長時間在這個行業中享有近乎壟斷的地位。
香港的真正起飛始於 20 世紀 40年代,當時侵華日軍控制了上海北部,當地正是大部分棉紡廠的位址,因此中國的資本家不得不逃難到香港。戰爭結束後,其他投資者亦由於不堪蔣介石政權極度腐敗、不利經商的環境,紛紛逃離到港。最後是 1949 年末中國共產黨當權,標誌着上海紡織業輝煌時期結束;成千上萬的難民湧到香港,不論是敗軍或是純綷傾向國民黨的商人。於是,由於具備純熟的生產技術,又有從海路運到香港的精密英國機器,及大量尋求生計的勞動力,這片英國殖民地由 20 世紀 50 年代起,慢慢成為紡織業的新工廠。1947年,上海商人李振之創立了香港大南紡織有限公司,但不久就有半島紗廠、九龍紡織工業有限公司、南海紡織股份有限公司前來競爭。因此,雖然 1947 年工人總數僅為 64,000 人,但 1962 年僅紡織業就僱用了數十萬人。香港的紗廠數目也由一間增到 1948 年的十七間,到 1975 年更達四十間!
從紡紗到紡織
由 60 年代起,直到 80 年代,新的紡織相關活動才得以發展。早期紡紗業通常由織造、針織或漂染業來補助,這些較為複雜工序令新的廠商得以往價值鏈上游移動。於是,成衣業得以成為香港的主要產業之一。當時的旗艦產品自然包括著名的「長衫」—— 旗袍的變體(旗袍即 30 年代上海流行的長裙),但同時還有許多西洋服裝 —— 60年代風行香港,在廣告、電影都能看到。隨着香港生活水平提高,有設計師在此定居;他們不單借用了較低的生產成本,同時也有意直接在香港市場銷售產品,因為畢竟香港也深受美國消費社會影響。法國品牌方面有 Pierre Cardin、Dior、Givenchy、Hermès,但本土品牌(例如著名的上海灘)也在迅速冒起,不容忽視。
位於荃灣的南豐紗廠,是由陳廷驊(寧波商人,有「棉紗大王」之譽)於 1954 創辦,是其中一座戰後年代建成的工廠。南豐紗廠發展迅速,不久就擴充至坐擁三座建築物。隨後,南豐集團根據市場形勢創辦一家生產服裝的子公司。荃灣區主要是以紡織品為主,很多公司都是沿青山公路而建,而新界區與九龍亦有紗廠。80 年代後期,由於西方國家施加的關稅保護,以及香港的勞動力成本相較中國或孟加拉等發展中國家已明顯增加,紡織行業的利錢變得越來越少。於是南豐集團仿效香港多位前工業家,將業務擴展至房地產市場。雖然如此,南豐紗廠仍然保持運作至 2008;此時香港紡織業的產量已衰微二十年(目前行業人員已不足一萬人)。
活化舊址 展新里程
南豐集團在面對重建土地的誘惑,與保存這座歷史遺產兩個選項之間,毅然決定再利用舊工廠。這個項目確實響應了香港人的願望,很多人不想看着保存這個城市昔日踪跡的地方逐一全部消失。其他舉措還有諸如保留域多利監獄及油麻地紅磚屋,與 90 年代的瘋狂清拆截然相反,是香港近年反省之後換來的方針。南豐紗廠曾經是城市探索(拍攝廢置空間的攝影範疇,近年日趨盛行)攝影師的狩獵場,現時已經向公眾開放;既引入時尚商店和餐館,還舉辦街頭藝術展覽,更是設計與時裝領域,以及活動的培育中心。
除了精采的活化構思外,The Mills 還設有紡織博物館,幫助大眾感受這座建築物在昔日的位分,從而更了解它作為工廠的過去。為了讓南豐紗廠繼往開來,這次活化項目還徹底整理了南豐集團的紀錄和檔案。舊時的廠房已換上了現代的裝修——光猛的走廊通道、巨型玻璃天窗、天台花園。紗廠的某些位置維持原有面貌,例如後樓梯保留了舊時的牆腳綠油漆,提示訪客紗廠的原來用途;印有數字的鐵閘亦經過翻新。整套設計,就像是通往創新的殿堂走廊。 The Mills 所處位置相當便利,距離地鐵站只有數分鐘路程,並有有蓋行人天橋接駁。活化後的 The Mills,似乎成功在望。
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